Comment déporter un flash cobra ?


On dit que le flash est déporté ou distant, lorsqu’il n’est pas monté sur l’appareil photo. On parle obligatoirement d’un flash cobra ou d’un flash de studio car il n’est pas possible de déporter le flash intégré à certains boîtiers. Une fois déporté, le flash peut être utilisé à bout de bras, fixé sur un trépied, porté par un assistant ou encore posé au sol. Ce billet se limitera au flashs cobra, d’utilisation plus courante.

Pourquoi déporter un flash ?

On peut effectivement se poser la question, tant il est facile d’utiliser un flash monté sur son appareil photo, voire le flash intégré au boîtier.

Déporter un flash offre plusieurs avantages et des possibilités photographiques étendues:

  • Un flash monté sur l’appareil et dirigé vers le modèle va se trouver dans l’axe optique et produire le phénomène des « yeux rouges ». En déportant le flash de l’axe de visée on évite l’apparition de ce phénomène.
  • En portrait, le fait de déporter le flash sur le côté permet d’éviter un éclairage plat qui écrase le modèle. Cela permet également d’obtenir plus de modelé en imitant l’éclairage naturel.
  • Un flash déporté apporte une lumière constante en direction et en intensité. C’est toujours vrai même si le photographe se déplace.
  • Le flash déporté permet d’explorer d’autres possibilités créatives soit en déplaçant la position du flash ou en multipliant le nombre de flashs. En effet, plusieurs flashs peuvent être déportés et utilisés simultanément.

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Déclenchement d’un flash déporté

Le flash déporté peut être déclenché à distance de plusieurs manières. Nous allons maintenant décrire chacune d’elles.

Le mode « Esclave » :

Vous avez déjà entendu parler du « mode esclave« , mais savez-vous ce que c’est ? Dans ce mode, un flash distant se déclenchera lorsqu’il verra l’éclair d’un autre flash. Il est donc possible de déclencher un ou plusieurs flashs à l’aide du flash intégré au boîtier. Toutefois, le mode esclave ne présente pas que des avantages, comme nous allons le voir ci-après :

  • Le flash intégré est placé dans l’axe de l’appareil photo. Nous avons vu en début de ce billet que ce n’était pas la position idéale. Même en réduisant au maximum sa puissance le flash intégré influera négativement sur la qualité de la lumière émise en direction du sujet.
  • En plein jour, alors que la lumière ambiante est assez forte, le mode esclave ne fonctionne pas toujours très bien (les autres flashs ayant du mal à voir l’éclair du flash intégré).
  • Pour lutter contre les « yeux rouges » et mesurer la quantité de lumière réfléchie par le sujet (mode TTL), certains flashs émettent  un premier éclair. Celui-ci est immédiatement suivi d’un deuxième éclair destiné à l’éclairage du sujet. Pour éviter que le premier éclair ne déclenche le flash déporté, il faudra désactiver la fonction pré-éclair sur le boîtier ainsi que celle destinée aux « yeux rouges ».

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Déporter le flash à l’aide d’un cordon :

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Le cordon permet de relier le boîtier au flash. C’est simple et cela fonctionne très bien. Mais cette simplicité s’accompagne aussi de plusieurs inconvénients :

  • La taille du cordon ne permet généralement pas d’éloigner le flash de l’appareil photo.
  • Il n’est possible de déporter qu’un seul flash.
  • Le fil réduit la liberté de mouvement du photographe.

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Utiliser un transmetteur infrarouge :

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Un émetteur, placé dans la griffe du flash, génère un éclair infrarouge et déclenche le ou les flashs. Simple et efficace, ce système n’est réellement utilisable qu’en studio. En extérieur, une lumière ambiante trop forte provoquera des erreurs de déclenchement. De plus, le moindre obstacle entre l’émetteur et le flash déporté conduira, là aussi, à un dysfonctionnement.

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Utiliser un transmetteur radio :

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C’est la solution la plus efficace et la plus fiable. Elle consiste à placer un émetteur radio sur l’appareil photo et un récepteur radio sous le ou les flashs déportés. Certains flashs sont équipés d’un récepteur interne ce qui simplifie encore leur usage en flash déporté.

Cette méthode ne présente que des avantages :

  • Les flashs déportés peuvent être très distants (jusqu’à 100 mètres), ce qui est pratique en photographie animalière par exemple.
  • Le mode de transmission « radio » fonctionne même si des obstacles se trouvent entre l’émetteur et le flash déporté. Il est, par exemple, possible de déclencher un flash se trouvant dans une autre pièce.
  • En extérieur, la lumière ambiante n’influence pas le fonctionnement du ou des flashs.
  • Il est possible de sélectionner un canal de travail sur l’émetteur et le flash. Ainsi, plusieurs photographes peuvent travailler ensemble sans déclencher les flashs des collègues (reportages ou mariage par exemple).

Il existe deux types de « transmetteur » radio :

  1. Le transmetteur simple qui se contente d’envoyer le signal de déclenchement au flash. Peu onéreux, ce système n’est pas parfait. En effet, il faudra régler le flash manuellement et donc se déplacer à chaque modification des réglages.
  2. Le transmetteur TTL appelé « contrôleur ». Il peut piloter plusieurs flashs et les régler à distance sans avoir à se déplacer. Le top ! Attention, il ne fonctionne qu’avec des flashs TTL.

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Exposition : débutants préférez le mode « TTL »

La meilleure solution est de travailler en mode automatique, c’est à dire TTL. Comme nous l’avons vu au paragraphe précédent, cela suppose de disposer d’un ou de plusieurs flashs TTL, mais aussi d’un contrôleur et de récepteurs compatibles avec ce mode.

En ce qui me concerne, j’utilise un flash GODOX V860 II. Pour les raisons suivantes :

  • Prix de vente de 2 à 3 fois moins cher que les grandes marques (Canon, Nikon, etc.).
  • Le flash dispose d’une bonne puissance avec un nombre guide de 60.
  • Bonne couverture du zoom de 20 à 200mm.
  • Le flash utilise une batterie en non pas des piles, ce qui lui confère une très bonne autonomie (650 éclairs à pleine puissance).
  • Prise en charge intégrale des fonctions TTL, prise en charge du flash automatique TTL, flash manuel, synchronisation 1/8000 haute vitesse, compensation d’exposition flash, verrouillage de l’exposition flash, synchronisation du second rideau, flash de modélisation, etc.
  • Le GODOX V860 II ne nécessite pas de récepteur radio supplémentaire, le récepteur étant intégré au flash.

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J’utilise également le contrôleur de la marque X1T, permettant de gérer jusqu’à 5 groupes de flashs sur 32 canaux.

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Le mode manuel pour une exposition plus créative :

Si le mode TTL (automatique) vous assure une exposition parfaite, le mode manuel va vous permettre de contrôler la lumière d’une manière bien plus créative. Pour une photo en extérieur et en plein jour, on a coutume de dire que le flash est très utile pour déboucher les ombres. C’est vrai, mais pas seulement ! L’utilisation du flash peut permettre aussi de contrôler la lumière ambiante, celle qui normalement éclaire l’arrière plan.

Pour comprendre ce qui vient d’être dit, il faut savoir que le flash est chargé d’éclairer le sujet et seulement lui, que la quantité de lumière ambiante « importée » dans la photo est déterminée par le temps de pose (vitesse d’obturation).

Ainsi, si je photographie une fleur au 125ème de seconde à l’aide du flash est que cette fleur et l’arrière plan sont parfaitement exposés :

En conservant les réglages du flash et en réduisant le temps de pose à 1/250ème de seconde, je vais diviser la lumière ambiante par deux. Résultat l’arrière plan sera plus sombre.

Si maintenant je prends la même photo au 1/1000ème de seconde, je vais diviser la lumière ambiante par 8. (1/250ème sec. = 2 fois moins de lumière – 1/500ème de seconde = 4 fois moins de lumière – 1/1000ème de seconde = 8 fois moins de lumière). L’arrière plan sera donc presque noir.

Certains vont me dire qu’il n’est pas possible de travailler au flash au dessus du 1/250ème de seconde (vitesse synchro flash de leurs boîtiers). Et bien si, c’est possible à la condition que le boîtier et le flash acceptent le mode HSS (haute vitesse) qui permet de s’affranchir des limites imposées par la synchro flash.

Votre boîtier et votre flash peuvent fonctionner en HSS

Ma méthode pour limiter l’importance de l’arrière plan. Vous pouvez, par exemple, donner une ambiance crépusculaire à une photo prise en plein après-midi et en plein soleil :

  • Réglez votre flash pour un fonctionnement en mode HSS.
  • Réglez votre boîtier en mode « Priorité à la vitesse ».
  • Réglez le temps de pose sur 1/125ème de seconde.
  • Réglez le diaphragme en fonction de la profondeur de champ souhaitée.
  • Ajustez la sensibilité ISO pour une exposition correcte.
  • Prenez une photo et vérifiez que l’exposition est correcte.
  • Passez maintenant en mode d’exposition manuelle et réduisez le temps de pose à 1/500ème de seconde. Prenez une photo. Si l’arrière plan est encore trop présent, réduisez à nouveau le temps de pose (vous pouvez généralement aller jusqu’au 1/8000ème de seconde).

Votre boîtier ou votre flash ne supporte pas le mode HSS

Prenons un exemple. Vous souhaitez photographier des fleurs au premier plan et à contrejour. Prenez une première photo de votre sujet, sans utiliser le flash, en mode de mesure matricielle. Si le sujet se trouve à contrejour le ciel sera certainement bien exposé tandis que le sujet sera trop sombre. Imaginons qu’à f/11 et 200 ISO le temps de pose soit de 1/2000ème de seconde. Si maintenant vous mesurez l’exposition sur les fleurs, le ciel sera surexposé.

Comme vous le voyez, les conditions de lumière ne permettent pas toujours d’exposer correctement les différents plans d’une image. La solution va nous être apportée par le flash et par l’utilisation d’un filtre gris neutre.

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On a vu plus haut qu’un boîtier ne peut dépasser la vitesse de synchronisation s’il n’est pas compatible avec le mode HSS. Dans notre exemple, le temps de pose de 1/2000ème de seconde, interdit l’utilisation du flash (vitesse supérieure à la vitesse de synchronisation du boîtier). Il faut donc utiliser un filtre gris neutre qui va permettre d’augmenter le temps de pose. Avec un filtre ND8 (3 diaphragmes) la vitesse passera de 1/2000s à 1/250s.  Si vous ne disposez que de ce filtre et que la vitesse de synchro de votre boîtier est de 1/180ème de seconde, il vous restera la possibilité de réduire les ISO de 200 à 100. La vitesse d’obturation descendra alors à 1/125ème de seconde.

Cela peut vous paraître compliqué, mais en réalité c’est assez simple. Il suffit simplement de pratiquer pour s’apercevoir que les résultats seront faciles à atteindre. Il est bien entendu qu’un boîtier et un flash compatibles HSS demeurent la solution la plus simple à mettre en oeuvre. Si vous devez prochainement changer de boîtier ou de flash, pensez-y !


Article proposé par Jean-Michel Nollevaux le 11 janvier 2018

2 réflexions sur “Comment déporter un flash cobra ?

  1. Jean-Claude Morin

    Un tour d’horizon rapide sur l’utilisation des flashs Cobra. Cela pourrait ouvrir des horizons à de nouveaux adeptes.
    En creusant un peu vous pourrez photographier, avec un flash Cobra, un sujet sur fond noir en plein soleil… A vous de tester.

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