Les Orchidées sauvages


Photo d’article : Ophrys à grandes fleurs (Ophrys magniflora)

Les premières Orchidées sauvages sortent de terre, il est donc temps pour moi de vous en parler et de vous aider à les reconnaître.

Bien entendu il ne sera question ici que des espèces Françaises.

D’abord, qu’est ce qu’une Orchidée ?

Les Orchidacées (Orchidaceae) forment une des familles de plantes les plus diversifiées, comptant entre 25 000 et 30 000 espèces, réparties en 850 genres. Autant dire qu’ici, nous ne ferons que « survoler » cette famille …

Ces chiffres font d’elles l’une des plus importantes familles de plantes à fleurs, qui a pratiquement colonisé tous les milieux, à l’exception des déserts et des cours d’eau.

La symbiose se fait avec un champignon microscopique, caractéristique rendant cette famille de plantes très économe en ressources. De ce fait les Orchidées sont adaptées à des milieux difficiles, que bien souvent seul ce type de symbiose permet d’exploiter. Cette spécificité leur permet de coloniser des milieux relativement peu occupés par d’autres espèces.

Plantes se reproduisant par pollinisation entomophile, une grande partie d’entre elles montrent des relations de dépendance étroite avec des insectes pollinisateurs spécifiques, allant jusqu’à des stratégies de leurres visuels, olfactifs et sexuels. Les semences des orchidées sont de très petite taille et sont produites en très grand nombre : De cette façon elles peuvent être facilement transportées par le vent.

Leurs semences sont si petites qu’elles ne possèdent pas les réserves nutritives suffisantes pour engendrer la germination. Des sucres fournis par le champignon symbiotique permettent au germe de se développer.

Ce caractère symbiotique ainsi que la régression de leurs pollinisateurs rend leur réintroduction parfois difficile. Inutile donc de déraciner une Orchidée sauvage (ce qui est d’ailleurs interdit par la loi, car ces plantes sont, pour la plus grande partie d’entre elles, protégées !) pour tenter de la faire pousser chez vous. Sans le mycélium du champignon auquel elle est inféodée, elle dépérira.

Dans le foisonnement des formes végétales, l’Orchidée d’Europe est très facile à différencier des autres espèces grâce à un ensemble particulier de caractères qui lui sont propre : Le port altier de la plante sa tige toujours dressée et sans ramification, ses feuilles toujours entières à nervures parallèles.

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Les formes des différentes feuilles

Rajoutons à cela une inflorescence caractéristique : Ses fleurs mettent en évidence une symétrie bilatérale parfaite et comprennent 3 sépales semblables, 3 pétales dont un, le labelle, diffère des 2 autres. Aucune autre plante Européenne ne possède ces caractères réunis

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Disposition des pièces florales chez les orchidées. Pétales (P), sépales (S) et labelle (L).

Une fois l’Orchidée repérée, il faut ensuite affiner sa détermination en arrivant au genre, au groupe, et pour finir à l’espèce.

Comme évoqué plus haut, les Orchidées ont fait l’objet d’une classification scientifique dénombrant en tout 850 genres (Orchis, Ophrys, Anacamptis, Sérapias, Cephalantères … ) et pas moins de 25 000 à 30 000 espèces ont été répertoriées (Orchis brulé, Ophrys scolopax …)

Mais cela est loin d’être aisé et évident ! En effet, si d’un seul coup d’œil et avec l’habitude, bien entendu, il peut être facile de nommer les espèces connues, il faut savoir que ces fleurs nous réservent bien des surprises : Aberrations de couleurs, de formes mais surtout hybridations plus ou moins habituelles avec d’autres Orchidées, sont autant de casses têtes pour le profane, mais aussi pour le connaisseur expérimenté !

D’un point de vue systématique, un classement est établi par les botanistes.

Très complexe, il est régulièrement modifié au fil du temps.

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Voici les genres ou groupes de genres présents en France métropolitaine

Découvrons ensemble quelques une de ces fleurs si atypiques :

Le genre Ophrys : Il se caractérise par des feuilles ovales disposées en rosette et de petites fleurs dépourvues d’éperon, munies d’un labelle particulier en général poilu et portant souvent une macule dans sa partie centrale.

La forme de la fleur rappelle celle d’un insecte et c’est d’ailleurs une particularité exploitée pour la reproduction puisque certains insectes sont attirés par la fleur qu’ils prennent pour une femelle de leur espèce !

Bien que certaines espèces puissent être vues en fleur jusqu’en septembre, la floraison des Ophrys est en général assez précoce.

Quelques espèces :

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Ophrys  jaune (Ophrys lutea)

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Ophrys bécasse (Ophrys scolopax)

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Ophrys petite araignée (Ophrys araneola)

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Ophrys mouche (Ophrys insectifera)

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Ophrys abeille (Ophrys apifera)

Les genres Anacamptis, Orchis, Himantoglossum, Dactylorhiza, Gymnadenia, Neotinea : sont des familles très semblables.

Le genre Orchis étant sans doute le plus connu et le plus familier de la famille des Orchidacées.

Ces genres se distinguent entre eux par la disposition des feuilles inférieures, par les bractées plus ou moins développées ou d’aspect plus ou moins membraneux, par la forme des fleurs ou par celles de leurs racines.

Quelques espèces :

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Orchis pyramidal (Anacamptis pyramidalis)

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Orchis homme pendu (Orchis anthropophora)

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              Orchis pourpre (Orchis purpureus)

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Orchis militaire (Orchis militaris)

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Orchis géant (Himantoglossum robertianum)

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Orchis bouc (Himantoglossum hircinum)

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Orchis papillon (Anacamptis papilionacea)

Les genres Plantanthera : Les Platanthera ont un port altier et possèdent deux grandes feuilles d’une couleur vert-jaune partant de la base de la tige. L’éperon est filiforme.

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Platanthère à fleurs vertes (Platanthera chlorantha)

Le genre Cephalanthera : Comprend trois espèces en France portant de grandes fleurs s’ouvrant peu avec un labelle articulé.

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    Céphalanthère à feuilles étroites (Cephalanthera longifolia)

Le genre Limodorum est un genre comprenant deux espèces en France. Ses longues tiges garnies de grandes fleurs violettes poussent dans les sous-bois clairs.

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Limodore à feuilles avortées (Limodorum abortivum)

Le genre Serapias comporte une petite dizaine d’espèces en France. Il présente des fleurs de forme caractéristique, avec des pétales et un gynostème cachés dans le casque. L’éperon est absent et un labelle en forme de langue surgit du casque et comporte à sa base des lamelles ou des callosités dont l’observation est utile pour la détermination des espèces. Le casque sert souvent d’abri aux insectes qui peuvent s’y glisser.

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Sérapias à labelle allongé (Serapias vomeracea)

Le genre Neottias est dépourvu de chlorophylle

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Néottie nid d’oiseau (Neottia nidus-avis)

Le genre Cypripedium est mono spécifique en France. Il a la particularité de posséder deux étamines fertiles, ce qui a conduit à le placer dans une famille autonome. Il ne comprend qu’une espèce en France. Ses feuilles constituent une petite rosette à la base de la tige.

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Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus)

J’espère que ce bien maigre survol de ces plantes atypiques vous aidera à les différencier des autres fleurs.

Rappelez vous que les Orchidées sont protégées et qu’il est inutile (et surtout impossible) de chercher à les faire pousser dans vos jardins.

Pour en savoir plus, de nombreux livres de détermination sont disponibles en librairies. Je ne saurais vous conseiller : « Orchidées d’Europe » des éditions Delachaux Niestlé, ainsi que « Les Orchidées de France, Belgique et Luxembourg » des éditions Biotope.

Michel FERNANDEZ


Plus de Photos sur mon site : www-mes-photos-nature.fr

12 réflexions sur “Les Orchidées sauvages

  1. Bravo belle série et très bien documentée.
    Je me permets d’ajouter une livre de référence en la matière en pensant qu’il ne soit pas épuisé. il s’agit du « guide des orchidées d’Europe dans leur milieu naturel » de Pierre Delforge et Daniel Tyteca aux éditions Duculot.
    Merci Michel et à bientôt.

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  2. Merci et bravo Michel. En prime de cet article très intéressant, tu nous offre une illustration variée avec tes propres images. Elles démontrent d’ailleurs à quel point tes connaissances naturalistes sont étendues. Tiens, je vais peut être remettre le « nez dans les herbes » … @ bientôt !

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