Un oiseau à l’honneur : Le Circaète Jean-le-Blanc


Aujourd’hui, je souhaite vous faire connaître, un grand rapace au régime alimentaire exclusif : Le Circaète Jean-le-Blanc. Cet oiseau est en effet spécialisé dans la chasse aux reptiles et principalement aux serpents.

Visiteur d’été, il passe l’hiver en Afrique, et revient en Europe de fin février à fin septembre pour se reproduire.

Son nom assez curieux lui vient du grec [Kirkos Aetos], soit Faucon Aigle. Il a les grands yeux jaunes du Busard, et la grande taille des Aigles. « Jean « , au Moyen âge était le surnom donné aux personnes habiles et « le-Blanc  » fait référence à sa couleur dominante quand on le voit de dessous.

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Le Circaète Jean-le-Blanc est un rapace de grande taille, mesurant de 65 à 70 cm de longueur pour 1,70 à 1,85 m d’envergure et une masse allant de 1,5 à 2 kg. C’est également un excellent planeur, il se déplace habituellement sans battre des ailes, profitant au maximum de la brise et des ascendances thermiques, les ailes largement étendues.

Il a le dessus des ailes brun et le dessous blanc. Le corps est parsemé de taches colorées, de couleur et densité variables suivant les individus (entre beige clair et marron foncé). Ces touches de couleur forment des lignes parallèles sous les ailes et trois barres sous la queue. Une bavette plus sombre s’étend du menton à la poitrine. La tête est plutôt large, ronde, avec un bec court et des grands yeux jaunes, ce qui lui donne un peu un air de chouette. Elle se diffère toutefois de celle des autres rapaces diurnes : les yeux sont plus gros et dirigés vers l’avant, ce qui lui confère une très bonne vision binoculaire.

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Le dimorphisme sexuel peut se constater au niveau du plumage, généralement la femelle, plus grande que le mâle, a un plastron plutôt foncé, le mâle arborant une poitrine plus claire, parsemée de flammèches verticales sombres.

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Femelle
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Mâle

Les immatures ressemblent aux adultes, mais ils sont plus pâles, avec la nuque plus blanche.

Ses hautes pattes écailleuses, gris-bleu ressemblent plus à celles d’une poule, qu’à celles d’un rapace (d’où son nom latin « gallicus »). Il n’a pas les serres acérées des Aigles, mais des doigts courts et robustes adaptés à la prise des serpents.

Son régime alimentaire est composé à 90 % de serpents, en majorité de grandes couleuvres, mais il se nourrit aussi de lézards, d’orvets, et plus rarement de micromammifères et d’oiseaux.

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Circaète Jean-le-Blanc ayant prédaté un Lézard ocellé

La technique de chasse du Circaète est particulière : d’un vol plané, très lent, il survole une étendue de terrain dégagée, en scrutant le sol, à une hauteur moyenne (entre 30 et jusqu’à 400 mètres), et effectue à certains endroits des phases de vol stationnaire, de quelques secondes à plusieurs minutes, appelé « vol du Saint-Esprit ».

Pour cela il s’arrête simplement sur place en étendant ses ailes, face au vent, en régulant constamment les filets d’air par des changements plus ou moins rapides de l’extension de ses ailes, leur angle d’incidence, l’écartement de ses rémiges ou de sa queue, le tout en essayant de garder la tête le plus immobile possible.

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Quand le vent est assez fort il lui arrive de battre des ailes pour rester sur place, un peu comme le faucon crécerelle, et éventuellement de laisser pendre ses pattes pour se stabiliser. Mais par temps calme il s’agit surtout de mouvements très légers, et il n’est pas rare de le voir complètement immobile dans le ciel, les ailes étendues, tel un cerf-volant.

Dès qu’une proie est repérée, il descend sur elle par palier, pour s’assurer de son succès.

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Il la saisit, et assène de coups de bec la colonne vertébrale et la tête. Il l’avale ensuite en commençant par la tête, si celle-ci s’avère trop grosse, il l’emmène dans son aire. Ceci peut attirer la convoitise d’autres rapaces qui chercheront alors à lui voler sa prise …

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Un Milan noir cherche à voler le serpent pendant des serres du Circaète

Si c’est un serpent destiné au nourrissage, il laisse pendre un petit bout de la queue du serpent hors du bec, sur lequel son partenaire ou son jeune tirera pour l’extraire entièrement.

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Le Circaète Jean-le-Blanc est bien protégé par des plumes épaisses sur les cuisses et des écailles au niveau des tarses, mais il n’est pas immunisé contre le venin des vipères.

La saison de reproduction voit revenir les mêmes couples aux mêmes endroits (ou un seul oiseau si l’autre adulte a péri pendant l’hiver). En principe, le même nid est reconstruit peu de temps après leur arrivée.
Les vols nuptiaux ne présentent pas de particularités par rapport aux vols habituels. Les mâles planent comme d’habitude. On peut quand même voir des séries de vols ondulants, avec des montées et des descentes répétées. En revanche, le mâle peut apporter des proies à la femelle laissant alors pendre une très longue portion de couleuvre hors du bec : dans ce cas il s’agit pour lui d’attirer la femelle, pour lui faire une « offrande » en vue de l’accouplement.

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Couple : la femelle est en haut

Le nid du Circaète est relativement petit comparé à celui d’autres rapaces de sa taille. Il est construit dans un arbre, pin ou chêne vert suivant la région. Il n’est pas installé dans une fourche (comme celui des Buses ou des Autours) mais placé le plus souvent en position latérale, ou bien au sommet d’un arbre tordu ou étêté, car du fait de son envergure le Circaète a besoin d’assez de place et d’un accès facile pour se poser. Plus rarement, il peut nicher sur une paroi rocheuse.

La femelle ne pond qu’un seul œuf, entre fin mars et mi-avril, elle le couve pendant environ 45 jours.

Le mâle assure son nourrissage, et remplace parfois la femelle sur le nid lorsque celle-ci s’absente un moment. En cas de mauvais temps (pluie), si la chasse est impossible, les oiseaux jeûnent.

Après l’éclosion, la durée d’élevage est encore assez longue : en moyenne 70 à 80 jours. Pendant ses 3 à 4 premières semaines, le poussin est vulnérable (prédateurs, mais aussi pluie ou froid), il est donc constamment couvert par la femelle. Elle dépèce les proies, et lui donne la becquée.

Son duvet est progressivement remplacé par des plumes, et vers l’âge d’un mois il est suffisamment emplumé pour que la femelle commence à quitter le nid, pour des périodes de plus en plus longues, notamment pour aider au nourrissage.

Il est alors capable d’ingurgiter un serpent en entier : les parents viennent se poser sur le nid avec la queue d’un serpent qui dépasse du bec, et le jeune doit tirer dessus pour l’extraire, et l’ingurgiter à son tour.

Pendant sa période de croissance, et d’achèvement du plumage, les parents apportent au nid un à plusieurs serpents par jour.

Pendant les heures de fort soleil, quand la température est importante, l’un des adultes vient sur le nid pour faire de l’ombre au jeune, au besoin en ouvrant un peu ses ailes pour faire écran.

Si tout va bien le jeune Circaète prend son premier envol au début du mois d’août. Au début, lors de ses premières tentatives de vol, il ne s’éloigne guère de la zone du nid, passant le plus clair de son temps perché, à guetter le retour d’un adulte.

Puis il s’enhardit progressivement à voler un peu plus loin, un peu plus longtemps, et lorsqu’il a atteint une certaine maîtrise et endurance, il va parfois jusqu’à suivre l’un de ses parents, occupé à chasser pour le nourrir, et finit par s’essayer lui aussi à la technique du vol sur place, qui lui permettra plus tard de se nourrir par lui-même.

Les Circaètes partent en migration assez tard, entre le milieu et la fin du mois de septembre.

Au cours des dernières années, le Circaète Jean-le-Blanc a connu une diminution importante à la fois de ses effectifs et de son aire de répartition ; considéré comme une espèce rare. Les principales causes de cette régression sont la modification des pratiques agricoles et certains travaux d’aménagement du territoire. Il bénéficie d’une protection totale sur le territoire français.

Voila un bien bel oiseau à photographier.

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Michel FERNANDEZ

D’autres photos sur mon site : Mes photos nature

 

 

 

 

 

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