Le brouillard et la brume, les alliés du photographe !


La photographie dans le brouillard ou la brume peut donner à vos sujets une coloration merveilleusement morose et une atmosphère particulière. Cependant, il est également très facile de se retrouver avec des photos qui semblent délavées et plates. Cet article vous propose des solutions pour tirer le meilleur parti de ces environnements de prise de vue uniques.

Vue d’ensemble

Le brouillard se forme généralement en milieu de soirée et dure souvent jusqu’au début de la matinée. Il apparait  également près de la surface d’une eau légèrement plus chaude que l’air ambiant. Dans cet article je parlerai principalement de brouillard, mais les concepts photographiques étudiés s’appliquent de la même manière à la brume.

Photographier dans le brouillard est très différent de la photographie par temps clair. Les scènes ne sont plus nécessairement claires et définies. Elles sont souvent dépourvues de contraste et de saturation des couleurs.

brouillard-en-sous-bois.jpg

En substance, le brouillard est une boîte à lumière naturelle: il diffuse les sources lumineuses de manière à ce que leur lumière provienne d’une zone beaucoup plus large. Par rapport à un lampadaire ou à la lumière du soleil par temps clair, et cela réduit considérablement le contraste.

Les scènes dans le brouillard sont également beaucoup plus faiblement éclairées – nécessitant souvent des durées d’exposition plus longues qu’il ne serait autrement nécessaire. De plus, le brouillard rend l’air beaucoup plus réfléchissant à la lumière, ce qui peut tromper le posemètre de votre appareil photo, en lui faisant croire qu’il doit réduire l’exposition (sous exposer). Tout comme pour les photographies dans la neige, le brouillard nécessite donc généralement compensation positive de l’exposition (généralement de l’ordre de +1 diaphragme).

La contrepartie de tous ces inconvénients potentiels, c’est que le brouillard peut se révéler un outil puissant et précieux pour mettre en valeur la profondeur de vos images,  ainsi que l’éclairage et la forme de vos sujets. Comme vous le verrez plus loin, ces caractéristiques  peuvent même donner l’impression de  scènes mystérieuses et uniques. L’astuce, c’est de savoir utiliser ces atouts singuliers, sans qu’ils nuisent pour autant  à votre sujet.

Souligner la profondeur

Au fur et à mesure que les objets s’éloignent de votre appareil photo, non seulement ils deviennent plus petits, mais ils perdent également du contraste, et parfois même de façon dramatique. Cela peut être à la fois une bénédiction et une malédiction : même si l’accroissement progressif de la distance appareil photo/sujet exagère la différence entre les objets proches et lointains, il rend également difficile la photographie d’objets lointains de manière isolée.

brouillard-dense.jpg

Notez que sur l’image ci-dessus, l’absence de premier plan nuit à la profondeur de l’image. Dans le brouillard plus le sujet est loin, plus le contraste diminue. Ici, le brouillard à transformé le paysage en une image très minimaliste.

Bien qu’il n’y ait pas de règles strictes pour photographier dans le brouillard, il est souvent utile de disposer d’un premier plan. De cette façon, une partie de votre image peut contenir un contraste élevé et des couleurs vives. Cela permet de souligner l’action du brouillard sur le reste de la scène, tout en ajoutant une grande diversité tonale à celle-ci.

 

Mettre l’accent sur la lumière

Les gouttelettes d’eau dans le brouillard ou la brume font que la lumière diffuse beaucoup plus qu’elle ne le ferait autrement. Cela adoucit considérablement l’éclairement de la scène, mais rend également visibles les traînées lumineuses provenant de sources lumineuses concentrées ou directionnelles. L’exemple classique est la photo dans une forêt dans une lumière matinale: lorsque la photo est prise dans la direction de cette lumière, des rayons de lumière descendent des arbres et se dispersent dans l’air lourd du matin.

lumiere-directionnelle.jpg

Dans l’exemple ci-dessus, une petite brume matinale enveloppe le sous-bois. Les premiers rayons du soleil font briller les micro-gouttelettes constituant la brume, et dessinent des rayons de lumière très visibles.

Le truc pour faire ressortir les rayons lumineux consiste à choisir soigneusement votre point de vue. Les rayons lumineux seront plus apparents si vous vous trouvez à proximité de l’endroit où vous pouvez apercevoir directement la source de lumière. Cette perspective « hors angle » garantit que la lumière diffusée sera à la fois brillante et bien séparée de l’air plus sombre.

Par contre, si le brouillard est très dense ou si la source de lumière est extrêmement concentrée, les rayons lumineux seront clairement visibles, quel que soit votre point de vue.

 

FORMES ET SILHOUETTES

Le brouillard peut accentuer la forme des sujets car il minimise leur texture et leur contraste internes. Souvent, le sujet peut même être réduit à une simple silhouette, comme c’est le cas avec la photo ci-dessous.

animaux-dans-la-brume.jpg

Assurez-vous simplement d’exposer en fonction du brouillard – et non du sujet – si vous souhaitez que le sujet apparaisse comme une silhouette sombre . Vous pouvez également utiliser une compensation d’exposition négative pour éviter que les objets ne deviennent pas trop lumineux. Vous devrez bien entendu  prêter une attention particulière à la position relative des objets dans votre scène, sinon le contour ou la bordure d’un objet peut se chevaucher avec un autre objet.

 

Cadrez large pour montrer l’effet du brouillard

Vous avez peut-être entendu parler du dicton suivant: « Il est difficile de photographier une forêt de l’intérieur« . En effet, il peut être difficile d’obtenir une idée de l’échelle en photographiant un seul groupe d’arbres – vous devez sortir de la forêt pour voir ses limites et ne pas laisser des arbres individuels gêner cette perspective. La même technique peut souvent être très utile avec le brouillard ou la brume.

foret-dans-le-brouillard.jpg

brumes-matinales.jpg

Remarquez comment ce cadrage « grand angle » a permis, dans la photo ci-dessus, de souligner l’effet des brumes matinales sur ce paysage.

De cette façon, vous pouvez saisir  les effets atmosphériques uniques du brouillard ou de la brume, sans subir les inconvénients de réduction du contraste (du moins pour les objets extérieurs à la brume). Dans le cas du brouillard, de loin, ce ne sont vraiment que des nuages ​​bas.

 

Photographiez au bon moment

Comme pour la météo et les nuages, le moment choisi pour prendre une photo dans le brouillard peut également faire toute la différence pour l’éclairage de la scène . Selon le type de brouillard, il peut se déplacer en masse et varier en épaisseur avec le temps. Cependant, ces différences sont parfois difficiles à repérer si elles se produisent lentement, car nos yeux s’adaptent au contraste qui change.

Une autre considération importante est la texture apparente du brouillard. Même si vous synchronisez la photo avec la distribution de brouillard la plus intéressante, il est possible que ce brouillard ne conserve pas sa texture si le temps d’exposition n’est pas suffisamment court. En général, la vitesse d’obturation doit être inférieure ou égale à la seconde,  afin d’éviter tout lissage de la texture du brouillard. Cependant, vous pourrez peut-être vous en sortir avec des expositions plus longues lorsque le brouillard se déplace plus lentement.

Bien qu’une exposition plus courte fige beaucoup mieux le mouvement du brouillard, elle a également un impact substantiel sur la quantité de bruit qui va s’inviter dans votre image. Il faut donc tenir compte de ce paramètre si vous photographiez le brouillard à la tombée de la nuit.

ATTENTION À LA CONDENSATION

Si les gouttelettes d’eau se condensent dans l’air, vous pouvez être assuré que ces mêmes gouttelettes risquent également de se condenser à la surface de votre objectif ou à l’intérieur de votre appareil photo. Si votre appareil photo est à une température similaire à celle de l’air et que le brouillard n’est pas trop dense, vous ne remarquerez peut-être pas de condensation du tout. D’autre part, attendez-vous à une condensation importante si  votre appareil photo était à l’intérieur et qu’il fait plus chaud à l’extérieur.

Heureusement, il existe un moyen simple de minimiser la condensation causée par le passage de l’intérieur à l’extérieur: Avant de placer votre appareil photo et votre objectif dans un environnement humide et plus chaud, placez tous les éléments dans un sac en plastique et vérifiez qu’il est scellé hermétiquement. Vous pouvez ensuite emporter ce sac scellé à l’extérieur, mais vous devez attendre que son contenu  ait atteint la même température que l’extérieur avant d’ouvrir le sac. Pour les objectifs de grande taille comportant de nombreux éléments, cela peut prendre 30 minutes ou plus si la différence de température entre l’intérieur et l’extérieur est importante.

Malheureusement, un peu de condensation est parfois inévitable. prévoyez d’apporter un chiffon pour objectif, pour pouvoir essuyer  à plusieurs reprises l’avant de votre objectif.

Voilà, j’espère que ce post vous permettra de tirer le meilleur parti des brumes et du brouillard. La saison actuelle se prête parfaitement à ce genre d’exercice et c’est pourquoi j’ai voulu, aujourd’hui, vous fournir quelques conseils de prise de vues.

À très bientôt !

Jean-Michel

3 réflexions sur “Le brouillard et la brume, les alliés du photographe !

  1. Alain HUET

    Merci pour ces recommandations très utiles pour la réalisation de belles photos.
    C’est là également que les appareils hybrides montre leur différence puisque l’on peut voir en direct la photo qui sera prise.
    Amicalement

    J’aime

  2. hermand christophe

    Tu signes un bel article magnifiquement illustré … En guise d’épilogue: amis photographes, protégez vous de l’humidité qui accompagne généralement ce beau spectacle ; elle peut aussi anéantir les sorties suivantes !

    J’aime

Laisser un commentaire