La Lycose Narbonnaise (Lycosa tarentula)


Arachnophobes attention les yeux !

Pour changer de sujet, en attendant avec impatience l’arrivée du printemps, après vous avoir parlé d’oiseaux et de Lézard ocellé, je souhaite vous faire connaître, ici, une belle araignée de ma région : La Lycose Narbonnaise (Lycosa tarentula).

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Atypique de par ses mœurs, la Lycosa tarentula est comme son nom l’indique une Tarentule du Sud de l’Europe. Elle affectionne les plaines arides, caillouteuses, avec une végétation rase et éparse. Les garrigues sèches sont son milieu de prédilection.

Cette magnifique Lycosidae n’est ni plus ni moins que la plus grande espèce d’Aranae de l’Hexagone. Sa taille est particulièrement impressionnante pour une européenne, de 25 à 30 mm de corps (sans les pattes) pour les femelles. Le mâle est légèrement plus petit, environ 18-20 mm.

La couleur de fond diffère beaucoup selon les localités, passant du brun, gris clair ou foncé, ocre, marron clair…

Le céphalothorax est très surélevé (typique des Lycosidae). 4 yeux frontaux parallèles et 2 très grands yeux postérieurs les surmontant (également propres aux Lycoses), donnent à cette araignée-loup un air sympathique, apparence trompeuse puisqu’il s’agit là d’une redoutable prédatrice !

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Les deux yeux latéraux sont également bien visibles et développés. La bordure du céphalothorax est plus clair, les pattes plus uniformes avec des épines visibles et avec, particularité de l’espèce, le dessous annelé blanc et noir. L’abdomen arbore un superbe motif plus ou moins contrasté, une ligne transversale plus foncée se divisant vers la partie postérieure en plusieurs chevrons, bordés de blanc.

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Les juvéniles ont une face ventrale abdominale remarquable, orange vif avec une tache noire plus ou moins étendue, les chélicères ainsi que les pédipalpes présentent également un dégradé orange du plus bel effet.

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Dérogeant à la règle des araignées-loup qui sont, pour la plus grande majorité vagabondes, la Lycose de Narbonne vit dans un terrier, qu’elle creuse et agrandi tout au long de sa vie en fonction de sa croissance.

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Ce terrier se termine à son embouchure par une « margelle » de brindilles, de terre, de débris végétaux et de petits cailloux parfois, agglomérés à l’aide de soie.

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La nuit tombée, elle sort de son terrier, sans jamais s’en éloigner, à la recherche de proies.

En soirée elle se trouve à la sortie du terrier pour se chauffer aux derniers rayons de soleil, et parfois aussi en plein jour, elle se pose sur sa margelle pour profiter du soleil.

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Le mâle ne vit généralement qu’un an.

En été il sort définitivement du terrier qu’il avait creusé étant jeune, à la recherche d’une femelle. Celle-ci trouvée il s’accouple puis meurt peu de temps après, soit mangé par la femelle ayant besoin de se nourrir soit de manière naturelle.

La femelle, quant à elle, pond un cocon en fin d’été et les petits éclosent en septembre et restent groupés sur l’abdomen de leur mère, comme chez toutes les Lycoses.

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Les petits se disperseront au printemps suivant et la mère peut vivre plusieurs années, pondant de nouveau un cocon l’année suivante, sans avoir été nécessairement fécondée.

En effet, les araignées femelles ont une spermathèque où elles conservent les spermatozoïdes du mâle. Ainsi s’il leur reste des spermatozoïdes après avoir pondu un cocon, un autre pourra être fécondé par ce sperme plus tard.

Très vorace à tous stades, la Tarentule mange des insectes ailés, petit grillonsblattes. Elle pratique la chasse à l’affut, elle va se positionner à un endroit et attendre sans bouger qu’une proie intéressante passe devant elle pour lui sauter dessus.

Comme toutes les araignées Françaises, la Lycose Narbonnaise a peur de l’homme et privilégiera la fuite. Néanmoins, si par inadvertance vous la touchez (ou s’il vous prenait la mauvaise idée de vouloir la taquiner !) sachez que sa morsure est très douloureuse.

Fort heureusement, Son venin n’est pas dangereux pour l’homme, contrairement aux croyances d’autrefois où la légendaire Tarentule était censée provoquer le « tarentisme », un état de léthargie qui conduisait à la mort et que l’on combattait en dansant la tarentelle.

Les symptômes sont globalement : brulure, forte douleur, parfois nausées et si la plaie n’est pas nettoyée il peut y avoir une petite nécrose au point de morsure.

Bref : On regarde, on prend des photos, mais on ne touche pas !!!

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Voila ce que je pouvais vous dire sur cette magnifique araignée. Sachez que ces animaux sont beaucoup trop utiles pour les écraser d’un coup de talon et que, sans les araignées, la vie serait tout simplement impossible sur terre de par le nombre d’insectes dont elles nous débarrassent au quotidien.

Michel


Article proposé par Michel Fernandez le 25 février 2018.

14 réflexions sur “La Lycose Narbonnaise (Lycosa tarentula)

  1. Christiane Couré

    trés bel article, merci beaucoup pour toutes ces informations même si j’ai HORREUR DES ARAIGNEES. j’en croise pas mal dans mes randonnées mais je ne connaissais pas leur nom et leur mode de vie ,maintenant je les regarderai autrement!

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    1. Zacharia

      Bonsoir,
      J’ai retrouvé cette araignée deux fois en l’espace d’un mois à mon domicile.
      Je vis à Strasbourg. Que fait-elle ici ?
      J’ai eu la peur de ma vie tellement elle est énorme (par rapport à une araignée « lambda » si on peut dire).

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  2. Alain HUET

    On ne se lasse pas de tes articles toujours très documentés et c’est avec plaisir que l’on découvre tes sujets.
    Les araignées ne sont pas forcément un sujet de prédilection pour beaucoup d’entre nous mais comme tu le dis elle sont un maillon indispensable dans le bon équilibre de la nature.
    Amicalement

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  3. Claire O.

    J’ai longtemps eu la phobie des araignées, je les regarde encore avec un peu d’appréhension … mais ça ne m’empêche pas d’apprécier photos et informations toujours très intéressantes. Merci Michel.

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    1. Eric

      Je viens de voir une (je pense – à confirmer, j’ai pris une photo pour l’identifer) dans notre chambre à coucher ! Son corp doit faire env. 2cm sans le pattes. Impressionant quand on la voie sur un mur clair.
      Tous les soirs en allant au lit et en mettant la lampe de chevet elle se montre, immobile, à 10cm d’un trou ou passent les tuyeaux de chauffage tout à haut du mur. Elle semble bien y habiter.
      Hier soir j’ai décider de la capturer dans un verre de confiture. J’ai ainsi pu faire des photos.
      Possible qu’elle se promène sur le lit la nuit ? Peut-elle mordre ou provoquer des rougeurs voir allérgies ? En fait sans pouvoir affirmer l’origine, mais j’ai depuis 3 semaines des tâches rouges avec des démangésons les matins en me levant.
      Je peux mettre une photo de l’araignée ici pour l’identification?

      Merci,
      Eric 🎩

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      1. michelf1131

        Bonjour, pouvez vous m’envoyer une photo ? Pour ma part je pense plutôt à Zoropsis spinimana qui est inoffensive, mais dont la morsure (rare !) peut provoquer une douleur vive mais pas de rougeurs. Les araignées ne mordent que si elles sont dérangées ou manipulées et les morsures nocturnes sont plutôt rarissimes

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  4. JonathanM

    Bonjour, est il possible que ce type d’araignée décide d’établir son « terrier » dans une maison ??
    Je n’en suis pas sur à 100 % mais il y a 1 an chez moi, j’ai eu ce genre d’ araignée.
    J’ai fini par la mettre dehors sans la bléssée mais cette bougresse était drôlement forte, je la sentait bouger au travers d’une serviette que j’ai utilisé comme protection pour l’attraper. ( courageux mais pas téméraire…)
    Au mois d’octobre de la même année, une seconde araignée d’une couleur ocre montré le bout de son nez avec une grosse poche blanche à l’arrière de l’abdomen….
    J’ai eu un mal fou à lui remettre la mains dessus.
    Au final j’ai été drôlement surpris.
    Pour information je vis dans l’Aude d’où ma question.

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  5. michelf1131

    Bonjour Jonathan, c’est une bonne question.
    La Lycosa tarentula ne rentre pas dans les maisons et fait des terriers caractéristiques nécessitant de la terre meuble. En revanche s proche cousine Hognia radiata (très ressemblante) elle, peut entrer comme nombre d’araignées en automne afin de passer la mauvaise saison à l’abri du froid. L’araignée que vous avez mise dehors pourrait donc être Zoropsis spinimana ou Hognia radiata mais je penche plutôt pour la seconde car la poche blanche que vous avez aperçu est le cocon dans lequel elle trimbale ses œufs et seules les lycosidae le font. Au passage, je précise que même si leurs morsures (rares) sont douloureuses, elles ne présentent aucun danger pour l’homme
    Pour sortir les araignées le meilleur moyen est de se munir d’un verre, piéger l’araignée en le retournant sur la bête, il suffit ensuite de glisser un papier assez épais entre le support (mur ou sol) et le verre pour finir de piéger la bestiole puis la mettre dehors.

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  6. Èime

    Bjr Michel. Merci pour toutes ces informations.
    J’utilise aussi la technique du « bocal » que j’applique également pour récupérer les scorpions afin de les remettre en liberté.
    J’ai photographié une sorte de lycose au ventre bien arrondi, munie seulement de 6 pattes dont la longueur semble moindre, qu’en est-il ?

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