Il aura fallu quatre ans à Fujifilm pour remplacer son vaisseau amiral, le X-PRO1. Le successeur répond au doux nom de X-Pro2 et propose de nombreux progrès : des performances améliorées, un capteur qui passe de 16 à 24 mégapixels, une nouvelle simulation de film noir et blanc (Acros), la gestion du Wi-Fi, un second emplacement pour carte SD, une protection tous temps. Le X-PRO2 semble apte à séduire l’amateur averti ou le professionnel. Mais que vaut-il sur le terrain, car ce n’est pas avec une fiche technique que l’on fait des photos ?
Je viens de couvrir deux reportages de mariages avec ce boîtier. Après 2500 photos, il est temps de faire le bilan. Pour les deux reportages j’ai utilisé trois optiques fixes de chez Fuji ; le 23mm f/1.4 (équivalent 35mm) – le 35mm f/2 (équivalent 50mm) et le 56mm f/1.2 (équivalent 85mm).
Aspect extérieur :
Le X-PRO2 est un très bel appareil. Avec son look résolument rétro et son viseur optique/électronique. La qualité de construction est exceptionnelle et rassure l’utilisateur. Ce boîtier est fait pour résister aux intempéries et à l’usure du temps. La face avant révèle une nouvelle molette de réglage qui vient seconder la molette arrière.
Au dos de l’appareil, les changements sont plus nombreux. La colonne de boutons qui se trouvait à gauche de l’écran a disparue. Les boutons des commandes ont migré sur la droite du boîtier et peuvent être sollicités directement par le pouce droit.
L’écran reste le même avec une diagonale de 7,6 cm et 1 620 000 points. Il n’est malheureusement ni orientable ni tactile et c’est là les deux premiers reproches que je ferai au boîtier. Monsieur Fuji essayez de photographier une fleur en macro au ras du sol et vous verrez combien un écran orientable c’est utile ! De plus, un écran monté sur rotule peut être retourné contre le dos du boîtier ce qui le protège pendant les période de non utilisation. Bref, voila encore un oubli inadmissible pour un boîtier de ce prix.
Pour avoir eu un écran tactile sur un précédent boîtier, je sais combien cela contribue à l’ergonomie. Monsieur Fuji… si vous m’entendez ! Questionnés à ce sujet par des journalistes spécialisés, les ingénieurs de chez Fujifilm ont répondu que les photographes ciblés par le X-Pro2 n’utiliseraient pas l’écran tactile. Foutaise ! Après avoir payé près de 1900 euros leur boîtier, les utilisateurs du X-Pro2 devraient avoir acquit le droit de bénéficier de fonctionnalités présentent sur des boîtiers bien moins chers, je pense, par exemple au X70.
Deux commandes permettant la mesure de la lumière et la mémorisation de l’exposition font leur apparition sur la partie supérieure du dos du X-PRO2. L’arrivée d’un joystick pour déplacer rapidement les collimateurs AF constitue une évolution majeure en matière d’ergonomie. Là Monsieur Fuji, vous marquez un point.
Le trèfle des touches de direction est une véritable réussite. L’utilisation du menu devient presque ludique, un vrai régal. Toutes les touches sont personnalisables. La touche Q offre un accès rapide aux paramètres de prise de vue. Au total 6 touches de fonction peuvent être personnalisées. Parfait !
Le dessus de l’appareil évolue également. Le correcteur d’exposition devient plus imposant et plus simple à manipuler. Mais j’ai trouvé que sa molette tournait trop facilement. En sortant l’appareil de mon sac, il m’est arrivé à plusieurs reprises de faire tourner involontairement cette molette. Avant de commencer toute nouvelle séance de prise de vue, il faut vérifier la position du correcteur d’exposition. Pas top tout ça ! Bref, Monsieur Fuji… OK, c’est noté.
La molette des vitesses se voit dorénavant affublée d’une couronne permettant de régler la sensibilité ISO (il faut soulever la couronne et tourner la molette). Pour ma part, et je crois savoir que je suis loin d’être le seul, j’aurais préféré une molette dédiée, comme sur le X-T1. C’est bien plus rapide et pratique à utiliser. Monsieur FUJI… si vous êtes toujours là.
Tenue en main :
Le boîtier dispose d’un grip légèrement plus proéminent que celui du X-Pro1 ce qui améliore la tenue en main. Le poids du X-Pro2 n’est que de 40 grammes supérieur à celui du X-T1. Le X-Pro2 pourra donc vous accompagner toute une journée autour du cou sans que votre femme ne soit obligée de vous masser les cervicales à votre retour… Ce sera d’autant plus vrai si vous l’affublez du nouveau 35 f/2 WR dont le poids est ridicule malgré une qualité photographique indéniable.
Le viseur hybride :
En mode optique, la visée est claire, fluide et plus large que l’image enregistrée. Cela permet de voir un sujet en déplacement s’apprêter à rentrer dans le cadre. Très pratique surtout en photo de rue. Le viseur optique est très fonctionnel avec les focales fixes courtes. Si vous utilisez un zoom plus long, celui-ci apparaît dans le cadre de visée à droite. Il sera donc impossible de voir un sujet situé à votre droite. La solution, basculer en visée électronique.
Je travaille quasiment toujours dans ce mode. En très basse lumière, la visée électronique est très efficace. Elle vous donne suffisamment de luminosité pour vous permettre de cadrer votre image. En visée électronique, le cadrage est alors à 100 % et vous pouvez visualiser de nombreuses informations : la simulation des films, la correction d’exposition, histogramme, niveau de l’horizon ou les différents collimateurs autofocus.
Que dire de l’autofocus :
La mise à jour en version 4.0 du firmware du X-T1 avait sensiblement amélioré la réactivité de son autofocus. Le X-Pro2 me semble faire encore mieux en basse lumière. Le système AF hybride de Fujifilm fonctionne en corrélation de phase en pleine lumière, épaulée par un système à détection de contraste en basse lumière. Tout cela fonctionne parfaitement bien. Lorsque la lumière vient à manquer le boîtier parvient toujours à faire le point rapidement. Impressionnant ! Bravo et merci Monsieur Fuji !
Le mode autofocus évolue sensiblement avec 77 points en corrélation de phase et 273 points sélectionnables en détection de contraste. La surface occupée par les collimateurs AF occupe la majeure partie du viseur. C’est très confortable pour sélectionner un élément décentré sans avoir à faire la mise au point et recadrer. Mais un bonheur n’arrive jamais seul, l’arrivée d’un joystick permet de sélectionner rapidement la zone de mise au point. Attention toutefois, seule la zone centrale est hybride. Elle est donc plus rapide, les collimateurs latéraux ne fonctionnent qu’en corrélation de phase et sont un peu plus lents.
Le capteur et processeur :
Le X-Pro2 intègre un nouveau capteur APS-C X-Trans CMOS III de 24,3 mégapixels. Cette augmentation significative de la définition est très appréciable en ce sens qu’elle autorise plus facilement le recadrage ou offre de nouvelles possibilités d’impression .
La partie en aluminium du capteur a été remplacée par du cuivre afin d’accélérer la vitesse de transfert des informations. Le capteur utilise toujours la matrice « maison »permettant de réduire les effets de moiré et les artéfacts sans besoin de recourir à un filtre passe-bas. Le nouveau processeur de traitement des données permet désormais de grimper jusqu’à 51 200 ISO, même en RAW. C’est un bon qualitatif très significatif car les fichiers bruts de l’ancienne génération étaient limités à 6 400 ISO. D’après Fuji le nouveau processeur travaille 4 fois plus rapidement que celui du X-T1.
Un menu refondu
Le menu a été totalement refondu. Les différents réglages sont organisés logiquement et il est assez simple de trouver ce que l’on cherche. La police de caractère utilisée est très lisible.
Le menu est devenu beaucoup plus réactif. On passe d’une option à la suivante très rapidement, c’est vraiment un réel plaisir. Merci M’sieur Fuji !
Un menu personnel fait son apparition. Il permet à l’utilisateur d’y placer les réglages dont il a le plus souvent besoin. C’est très pratique d’autant plus que l’accès à ce menu s’effectue grâce à un clic sur un bouton du boîtier. Encore merci M’sieur Fuji !
Le rendu des couleurs
Le Fuji X-Pro2 est équipé d’un nouveau processeur dont le traitement des données est annoncé comme quatre fois plus rapide que celui du X-T1. Cette puce « booste » littéralement le boîtier lui offrant une réactivité inégalée dans la marque. Cette même puce permet au boîtier de traiter les JPEG avec un nouveau filtre noir & blanc nommé « Acros » et offre une gestion du grain sur 3 niveaux. Acros offre des images assez contrastées. Les noirs sont denses et les hautes lumières conservent beaucoup de détails. Dommage que la simulation de film Acros ne puisse bénéficier aux autres boîtiers de la marque, faute d’un processeur assez puissant. J’espère que le X-T2 en sera doté. Monsieur Fuji, si vous m’entendez…
Le X-Pro2 permet d’obtenir des images JPEG directement exploitables. Le traitement effectué par le boîtier est exceptionnel à tel point que nombre de photographes ne shootent plus en RAW. Les modes simulations de films sont un véritable plus. En ce qui me concerne j’utilise le rendu Velvia qui permet d’obtenir des images plus saturées ou encore l’Acros en noir & blanc.
La gestion du bruit
Si le X-T1 permet de monter jusqu’à 6400 ISO sans trop se poser de questions, le X-PRO2 progresse encore en repoussant la limite à 12 800 ISO et même 25 600 ISO en noir & blanc. Cette sensibilité étendue permet d’affronter toutes les conditions lumineuses. TOP !
La qualité des images
La qualité des images est également influencée par la qualité des optiques. Le X-PRO2 peut s’appuyer sur un parc d’optiques exceptionnelles. Disons le tout de suite le trio capteur, processeur et optiques permet d’obtenir des images fabuleuses. Alors, le Fujifilm X-PRO2 est-il un boîtier d’exception ? Lisez mes conclusions ci-dessous.
Mes conclusions
Le Fujifilm X-PRO2 offre une qualité d’image superlative. Il rivalise pleinement avec les boîtiers plein format tel que le Nikon D810 ou le Canon 5D Mark III. Pour moi, ce boîtier est taillé pour le reportage. C’est pourquoi il m’accompagne sur tous mes reportages de mariages.
Le Fuji X-PRO2 est un boîtier robuste qui bénéficie d’une finition exceptionnelle. Sa très bonne tenue en main et son ergonomie et sa grande réactivité procurent un réel plaisir d’utilisation.
Fujifilm aurait-il créé le boîtier parfait ? Je dirai que non. Des progrès restent à faire au niveau de l’autonomie des batteries. Il manque également à ce COI un écran articulé et tactile (j’insiste). L’ajout d’une molette pour la sélection de la sensibilité ISO serait la bienvenue tandis que la molette de correction de l’exposition devrait tourner moins facilement. L’oubli d’une fonction panoramique par balayage pourrait peut être faire l’objet d’une prochaine mise à jour du firmware ?
Je n’aborderai pas ici la partie vidéo du X-PRO2, non qu’elle soit de mauvaise qualité, mais pour moi un appareil photo est fait pour photographier. Pour filmer il existe des matériels dédiés.
Monsieur Fuji, avec le X-PRO2 vous nous avez gratifié d’un excellent boîtier. Les remarques évoquées ci-dessus levées et un prix de vente un peu plus bas feraient du X-PRO3 le boîtier exceptionnel que nous attendons tous.
A très bientôt
Jean-Michel