Les Ascalaphes

Pour changer de sujet, je vais vous parler, aujourd’hui, de très beaux insectes volants : Les Ascalaphes.

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Les Ascalaphes du genre Libelloides sont indiqués encore régulièrement dans certains guides ou documents sous le genre Ascalaphus.

En définitive, une révision des genres des Névroptères en 1991 a attribué les espèces européennes au genre Libelloides.

A mi-chemin entre les libellules et les papillons, les Ascalaphes présentent un corps trapu, des ailes caractéristiques très nervurées et de longues antennes avec leurs extrémités en massues. Les mâles se différencient des femelles par des cerques très développés à l’extrémité de l’abdomen. Ces appendices servent à maintenir la femelle lors de l’accouplement.

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Ascalaphe loriot mâle on peut voir les cerques en bout d’abdomen

 

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Accouplement d’Ascalaphes soufrés
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Insectes diurnes, au vol rapide et ondoyant à 2 ou 3 mètres de hauteur, les Ascalaphes capturent les mouches et autres petits insectes en vol. Se chauffent au soleil sur les plantes, ailes étalées ou fermées.

Ils vivent dans des biotopes chauds et secs. Ils se nourrissent de mouches et autres petits insectes. Les larves semblables à celles des fourmilions vivent sur le sol, dans la litière et sous les pierres. Elles sont, elles aussi, carnivores.

En 2012, suite à la redécouverte de 2 nouvelles espèces d’Ascalaphes, nous pouvons considérer qu’il existe en France 10 espèces d’Ascalaphidae, mais les plus communes en France sont :

– l’Ascalaphe soufré (Libelloides coccajus)

– l’Ascalaphe blanc (Libelloides lacteus)

– l’Ascalaphe loriot (Libelloides ictericus)

–  l’Ascalaphe ambré (Libelloides longicornis)

 

Ascalaphe soufré (Libelloides coccajus)

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Cet Ascalaphe est relativement fréquent dans la moitié sud de la France selon une ligne Bordeaux-Genève. Il se fait plus rare au nord. On en trouve en Corse.

Ses habitats sont diversifiés dans le sud du pays, en général lumineux et d’aspect herbeux, l’espèce est plus inféodée aux pelouses sèches sur substrat calcaire ou marneux dans le nord-est du pays. Elle se trouve aussi dans des secteurs humides, mais hors d’eau.

L’espèce est peu fréquente à basse altitude et se montre en général entre 300 et 1500 mètres. Il s’agit d’une des deux espèces d’Ascalaphe largement répartie en France. Elle vole précocement entre fin avril et début juin, parfois un peu plus tôt, souvent plus tard et en particulier en altitude.

Les nervures de ses ailes sont noires ou brunes. Les ailes possèdent de grandes taches jaunes, qui peuvent être plus ou moins pâles. Il possède une tache noire sur l’aile du bas qui se termine en pointe et atteint l’angle inférieur de cette aile.

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Ascalaphe blanc (Libelloides lacteus)

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Il s’agit d’une espèce au demeurant essentiellement provençale, mais dont la répartition est importante vers l’est du Bassin Méditerranéenne car elle atteint la Turquie. Elle est toutefois signalée en Ardèche et en Lozère

Cet Ascalaphe vole entre mai et juillet dans les pelouses ou les landes en montagne jusqu’à 1500 m d’altitude.

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Ascalaphe loriot (Libelloides ictericus)

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L’Ascalaphe loriot (Libelloides ictericus) possède des nervures jaunes à blanches sur les ailes. Le bout de l’aile postérieure possède une vague tache sombre et arrondie. A la base de cette même aile se trouve une tache noire à nervures jaunes. Le thorax possède 10 taches jaunes, 6 centrales (disposées comme sur un dé), et 4 sur les côtés

C’est une espèce essentiellement littorale, mais qui se montre jusqu’à 1000 m d’altitude.

Elle est connue sur l’ensemble des départements méditerranéens, mais reste à confirmer dans les Alpes-Maritimes. Par ailleurs elle a été découverte en 2008 dans les Alpes-de-Haute-Provence et confirmée en 2010. Elle existe par ailleurs dans la Péninsule ibérique.

Si les secteurs ensoleillés d’arrière littoral lui sont favorables, ses habitats plus continentaux restent à définir.

La période de vol semble un peu plus tardive que celle de Libelloides coccajus.

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Ascalaphe ambré (Libelloides longicornis)

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Il s’agit de l’Ascalaphe français dont la répartition est la plus étendue. C’est une espèce plus tardive que Libelloides coccajus et si localement les deux espèces volent ensemble (en particulier en altitude), l’essentiel des populations d’Ascalaphes ambrés vole entre mi juin et début août, localement ou selon les années dès fin mai.

La marque en forme de croissant noir au bout des ailes postérieures est typique de cette espèce.

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Voila ce que je pouvais vous dire sur ces magnifiques insectes assez méconnus du grand public et très facile à photographier.

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Michel FERNANDEZ

La Rosalie des Alpes (Rosalia alpina)

Changeons de registre pour se retrouver au sein d’un grand groupe : Celui des insectes. Dans l’ordre des coléoptères et, plus précisément, dans la famille des Cerambycidae (plus familièrement connue sous le nom de longicornes ou capricornes), nous trouvons l’un des plus beaux et plus grand coléoptère d’Europe : La Rosalie des Alpes (Rosalia alpina)

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La Rosalia alpina est un longicorne très reconnaissable : son corps est relativement grand (20 à 40 mm), étroit, aplati, gris-bleu avec des taches noires de formes variables sur les élytres.

Il possède de très longues antennes bleues dont chaque article porte des touffes de soie noire. Ces caractéristiques en font une espèce d’une rare beauté bénéficiant d’une protection dans de nombreux pays d’Europe où sa capture est interdite.

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Cet insecte vit surtout en montagne, jusqu’à 1400 m d’altitude (Alpes, Pyrénées et Cévennes), mais peut cependant être présent, de manière très localisé, en plaine.

 Sa période d’activité est échelonnée de juin à septembre.

Le Hêtre est son arbre de prédilection mais la Rosalia peut se développer dans d’autres essences (Saule, Noyer, Marronnier, Aulne, Frêne, Tilleul, plus rarement Chêne).

Les fins de matinées bien ensoleillées sont des périodes propices pour observer les Rosalia. Bien que le vol soit aisé, l’insecte se contente souvent de gracieusement déambuler sur les troncs où il s’est développé. Les heures chaudes génèrent toutefois un surcroît d’activité, et pour tout dire de fébrilité.

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Les Rosalia adultes semblent se nourrir des exsudats inhérents aux maladies ou aux plaies des arbres.

Comme chez la plupart des longicornes, les sexes sont aisément reconnaissables à la longueur des antennes, celles des mâles dépassant très largement l’abdomen. La conformation des mandibules peut être également un caractère secondaire de dimorphisme ; celles des mâles étant dotées d’une très nette saillie dentiforme latérale.

 

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Détail des mandibules du mâle

Contrairement à certaines espèces, les accouplements sont répétitifs chez la Rosalia et tout mâle quelque peu entreprenant est volontiers accepté.

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La Rosalia pond dans les très vieux arbres dépérissant ou morts sur pieds, et ce n’est pas sans raison car elle pond dans les parties plus ou moins cariées de ceux-ci, milieu où elle-même s’est développée à l’état larvaire.

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Contrairement à certaines espèces la maturation de la ponte semble assez longue, de l’ordre de 2 semaines au moins.

Le développement larvaire demande 3 ans, et les galeries sont relativement superficielles. Les émergences des l’adultes se produisent de juin à juillet selon les régions et l’altitude.

Les trous de sorties, nettement elliptiques, sont fréquemment observables sur les parties dépourvues d’écorce.

Les mâles émergent avant les femelles. A noter que les adultes ne vivent qu’une dizaine de jours.

Voila ce que je pouvais vous dire sur ce magnifique longicorne.

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Michel FERNANDEZ

D’autres photos sur mon site : mes photos nature