DE HUÉ À HOÏ AN EN PASSANT PAR MY SON


« Le riz blanc, c’est le riz quand on nait »
Non, cette maxime n’est pas de Confucius, mais bien de Dung (ou Michel, en français), notre guide pour la région centre, qui nous apprend cela avec un air des plus farceurs. Souriant, filiforme, une maîtrise de notre langue stupéfiante et un humour si parfaitement ajusté qu’il en est beau, voilà le portrait de celui qui nous attendait à notre descente d’avion.
Dans le bus, il nous apparie toujours avec cette touche malicieuse. On s’esclaffe, on rit, on se détend.
Nous sommes conquis, fatigués, mais conquis ! Sauf qu’un petit café ne serait pas de trop… Il est à peine bu que nous plongeons dans la cohue de HUÉ.
Avec sa citadelle, sa Cité Impériale et ces tombeaux royaux, cette ancienne capitale du Vietnam se déploie bien au-delà de son enceinte classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1993. Dans notre presque sommeil, nous sentons battre le cœur de la ville. Il y a là, des boutiques, des hôtels, des restaurants, des bars. Enfin, le petit noir/lait concentré sucré est servi !
Dung doit tenir son programme et nous propose de découvrir l’artisanat local avant le déjeuner : fabrication des baguettes d’encens, chapeaux coniques et sculpture sur bois. Il n’est pas qu’espiègle, il est aussi pétri de la culture de son pays.

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Il nous plait bien ce nouveau guide avec ses belles connaissances. Quelle que soit la question, il a la bonne réponse. Autant dire que nous vous le recommandons si vous deviez voyager par ici. Et comme nous ne sommes pas chiches, ses coordonnées sont en fin d’article.
Saviez-vous que 83% de la population à HuÉ est bouddhiste ? Le reste (17%) est essentiellement taoïste ? Saviez-vous que le bois de fer utilisé pour les sculptures vient du Laos, car insuffisant maintenant au Vietnam ? Saviez-vous qu’il existe un service militaire obligatoire dans le pays d’une durée d’un an et demi et qu’il doit être fait entre 18 et 25 ans ? Saviez-vous aussi que « le bœuf grillé dans le petit lolot » n’est pas confectionné avec des feuilles de bétel (feuilles à chiquer) comme il est souvent dit, mais avec les feuilles d’une plante de la famille des poivriers… Heureusement, vous imaginez les dégâts sur nos jeunes esprits.

Et connaissez-vous le numéro de téléphone de la poule ? Je vous laisse chercher un tout petit peu… Coquin ce Dung, n’est ce pas !
Reprenons le cours des choses, car la priorité est donnée avant tout au circuit : L’après-midi est réservé à la visite de la citadelle qui, bien que victime de nombreux bombardements recèle des trésors et témoigne magnifiquement de l’influence chinoise.

Pour les plus assidus, je propose un rapide cours d’histoire
Nous sommes en 1601, sous domination chinoise, le puissant Seigneur N’Guyen tombe sous le charme du site et décide d’y bâtir la citadelle de Phu Xuan. Il fut le premier des 10 seigneurs féodaux à gouverner la région. Le dernier de la lignée se proclamera empereur sous le nom de Gia Long et fondera la dynastie N’Guyen.
Sur les 140 patronymes recensés au Vietnam, le plus répandu est sans doute N’Guyen. Mais tous ne sont pas de lignée royale. Seule une trentaine peut l’être et pour les reconnaître, voici le bon tuyau : le plus souvent les hommes ont pour prénom Van et les femmes Thi.
DSC02185.jpgIl est temps de revenir à notre citadelle et à son grand mur de pierres rouges construit « façon Vauban ». Sorte de remparts hauts et épais, il entoure et protège la forteresse, mais également l’enceinte impériale et ses palais, ses temples et ses parcs floraux.
S’offrent à nos yeux, des jardins fleuris, plus loin des portes ciselées et richement décorées, du rouge, de l’or, des palais, des « piliers symboles » (Dung affirme qu’ils représentent la force, l’homme, le ciment de la vie conjugale, que voulez-vous ici la suprématie du mâle est avérée) de l’eau, des reflets, d’immenses urnes dynastiques. Mille photos sont à prendre, mille photos seront prises avant même de visiter l’enceinte impériale et sa Cité pourpre, dite aussi Cité interdite.

DSC02203.jpgDSC02217.jpgDSC02225.jpgDSC02241.jpgC’était là l’univers des femmes, un univers presque carcéral avec bien peu de droits. Elles sont concubines, maîtresses ou simplement servantes.

Pour téléphoner à la poule, voici le numéro 44 447 19.

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Ça détend cet humour léger sur de longues journées de découverte d’une culture qui n’est pas la nôtre, sur des journées chaudes, très chaudes (34°). Vite, l’hôtel pour quelques ablutions bien méritées. Le bus nous attend au bout de l’allée ombragée où les arbres, à l’occasion de la nouvelle année lunaire, portent fièrement leurs nouveaux souliers blancs.

Le lendemain (le 3 mars), nous retrouvons Dung assis dans le hall de l’hôtel. Il nous sourit. Quelle surprise nous prépare-t-il encore ?
Une balade sur la rivière des parfums, qui serpente au travers de Hué, pour commencer. Un bien joli programme : Oui mais voilà aujourd’hui, il n’y a plus d’arbres fruitiers, plus de géraniums, plus de magnolias, plus de fleurs, plus de parfums, la rivière est polluée par les eaux usées. Avec le développement du tourisme, le mercantilisme s’est installé, laissant derrière lui les belles légendes. On peut comprendre qu’il est bien plus rentable d’amener les voyageurs au pied de la pagode de la Dame céleste que d’être paysan… Mais le constat est terrible ! Qu’en sera-t-il dans 5 ans ou 10 ans de toute cette pollution ?
Notre « capitaine » nous y déposera, non sans avoir – durant la traversée – proposer une collection de souvenirs et de vêtements de toute sorte.
50 bonzes vivent ici de façon permanente. C’est calme, on sent les parfums sucrés des troènes. Les premiers escaliers aux marches disparates nous attendent (ah ! la voilà la surprise aigre douce de notre ami), les fleurs de nénuphars s’épanouissent au soleil, les plantes épiphytes colonisent les arbres, les bonzaïs nous narguent, les tortues statues – symbole de longévité – s’exposent dans les jardins, les toges oranges et jaunes éclatent à la lumière, les jeunes bonzillons s’affairent autour des pagodes et arborent fièrement leur unique mèche de cheveux. Pour certains, l’heure de la décision viendra vite : Il leur appartient en effet de confirmer leur désir d’être moine, de choisir cette vie de simplicité, de chasteté et de dévotion. Ils raseront alors leur crane (cheveux et poils apparents étant synonymes de désirs charnels).
La chaleur se fait plus intense pour visiter le tombeau du deuxième empereur de la dynastie des N’guyen (Minh Mang) et les escaliers s’ajoutent aux escaliers. Une pause déjeuner s’impose avant d’aborder l’escalier monumental (127 marches) menant au mausolée de Khai Djinh. Il faudra onze années pour le terminer. Il est somptueux avec – sur le second niveau – les statues d’une garde d’honneur, constituée de mandarins, d’éléphants et de chevaux.

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Je vous laisse découvrir le pavillon de la stèle et son décor baroque où l’or et la céramique dialoguent à merveille. Pour info, le corps de l’empereur n’est sans doute pas là. Dans son testament, il avait ordonné d’être enterré dans un lieu secret. Pour cela, il avait ordonné que les porteurs de son cercueil soient décapités afin que jamais, cet endroit ne soit découvert. Sympa, l’empereur !

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Au zénith, le soleil est toujours là – mordant – et l’orage gronde parfois. Il nous reste encore à visiter la pagode des eunuques (Tu Hieu). Persicaire âcre à tous les repas, ça calme les ardeurs surtout lorsqu’on a pour tâche de garder un harem !
Dans la pinède, les papillons se sont invités. Dans le jardin, ce sont les grenouilles, les orchidées et quelques plantes carnivores qui nous attirent jusqu’au moment où retentit le Bo Chieng : le moine bouddhiste présent entre en scène et psalmodie un chant qu’il est seul à comprendre.

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Une journée éreintante, certes, mais joyeuse aussi compte tenu de l’anniversaire de Dominique, reine du dîner et qui soufflera ses bougies dans une confusion de chant d’anniversaire et de bisous parfois enflammés (nous avons des dossiers !).

Le dimanche 4 mars, au petit déjeuner, les visages sont un tout petit peu fripés. Comme toujours, ne pas perdre une minute pour le programme… Nous partons pour Hoi An.
Nous oublierons très vite le passage au Col des Nuages (trop fréquenté, trop touristique) et lui préférerons notre arrêt précédent au panorama plus épuré, plus naturel.

DSC02508.jpgMais vite, il nous faut atteindre la ville de Danang, à 800 km d’Ho Chi Minh Ville… La voici qui s’offre à nous (dans le bus), nous passerons rapidement devant la cathédrale rose pastel, le pont « dragon » tout jaune où circulent à vive allure motos, mobylettes, voitures et camions.
Et nous nous arrêtons presque en face, au Musée de la Sculpture Cham. Un lieu à conseiller, car il donne un bon aperçu de l’ancienne civilisation. De plus, il propose des expositions photos temporaires. Certains clichés rendraient envieux même les plus doués. Dung a très vite compris qu’il nous fallait quelques minutes de détente. Les photographes en profitent pour traverser la rue et prendre des clichés de ce pont intrigant (balance des blancs, profondeur, angle de prise de vue, tout ici est sujet à conseils, un cours en pleine ville !).

DSC02570.jpgLa Montagne de marbre nous attend, avec ses jolis et nombreux petits escaliers inégaux. Une fois encore tous les cars de tourisme s’arrêtent à Thuy Son. Les raisons sont évidentes : la multitude de marches … les grottes, les temples, les autels dédiés à Bouddha, les statues géantes de marbre blanc. Rien n’est modeste ici, ni la fréquentation, ni le respect des croyants, ni les salles à même la montagne, ni les offrandes.

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Et si vous nous accompagniez à la maison de la soie… Ça ne me surprend pas que vous soyez d’accord, c’est tellement intéressant ces anciennes machines en état de fonctionner et qui fonctionnent, ces tisserandes assises devant leur petit métier sans confort particulier et tirant l’aiguille avec dextérité et précision, ces quelques informations transmises par l’une des employés… qui n’a d’autre souhait que de nous voir acheter plusieurs cadeaux, ce processus de nidation du vers et ces fils soyeux, fragiles, naturels et précieux.

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Ha ! L’action combinée de la douche et de la tombée de la nuit agit comme un filtre. La fatigue semble se faire plus légère. Ne reste plus qu’à dîner et à se reposer cette nuit dans cet hôtel confortable de Hôi An.
Une journée sous le soleil qui vous lèche la peau et vous fait suer nous attend demain encore. Nous irons sur un ancien site Cham.

My Son, sanctuaire Cham. C’est là que nous allons en ce lundi ensoleillé. Casquettes, eau et crème solaire s’imposent.
On y trouve des temples dédiés à Shiva très anciens, datant du IVe siècle. C’est un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1999, incontournable dans un circuit tel que le nôtre et incontournable tout court si l’on découvre le Vietnam pour la première fois… Mais je vous invite à suivre ce lien pour comprendre.

Nos photographes pourront saisir quelques gracieuses positions de mains et de pieds de jolies danseuses en action, car ici comme ailleurs le jeu du commerce est présent. Mais là, nous avons apprécié la grâce des jeunes filles et la capacité pulmonaire du joueur de Zic Trad…

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Nous aurons une après-midi tout ce qu’il y a de plus urbaine avec la visite des quartiers chinois et japonais de la vieille ville de HOÏ AN. Un ravissement avec toutes ces lanternes, son agitation, ses maisons colorés (jaune d’or pour les plus récentes), ses demeures plus traditionnelles et construites en bois de fer, (un bois sombre), qui appartenaient à de riches marchands lorsque le commerce de la soie était à son apogée. C’est par le petit pont pagode japonais qu’on y pénètre. Ce trésor national figure d’ailleurs sur les billets de 20.000 dongs. Il représente un dragon et date de l’année 1953. Sa vocation était de relier les quartiers chinois et japonais. Et sous le pont coule la rivière HOAI. Elle nous accompagne tout au long de cette visite. Il y a là une chorégraphie de petits sampans d’où se déchargent du riz, des boissons, des légumes, des touristes aussi.

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Nous flânons dans cette petite Venise asiatique et tout nous attire. Les échoppes présentent des peintures, des photos, des vêtements, de la soie, des articles de quincaillerie, des souvenirs et le jeu c’est d’y marchander des babioles. Ce doit être bien joli le soir lorsque toutes les lanternes scintillent… et ça l’est, voyez :

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Demain quartier libre : plage, farniente, déambulation, avant de refermer les valises pour le Sud Vietnam et de dire au-revoir à Michel.

Voici notre carte où il est écrit au dos :
Ici ça chauffe dur ! Nous vous adressons quelques rayons de soleil
Mais attention, ça brûle !

Les 14

PS : Et comme promis, le contact « Guide Francophone » : (Région Centre)
M. NGUYEN DINH DUNG
Tél : 84(0)9140007086
Adresse postale : 101A rue Hung Vuong – HUE
Email : dungdao7780@yahoo.fr

5 réflexions sur “DE HUÉ À HOÏ AN EN PASSANT PAR MY SON

  1. Deruggiero anne marie

    Toujours aussi bien raconté, Merci Dominique.
    Jacques , on reconnait tes cadrages avant de voir ta signature en bas….
    Très très beau , vous allez remplir nos jeudis après midi de vos reportages !!!
    Bzzz à tous
    AM

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  2. Martine

    Félicitations à Dominique pour ses riches commentaires . Nous avons l’impression d’y être ! Les photos nous font rêver et nous avons hâte de découvrir le prochain épisode …. hélas pour les 14 , bientôt le retour !!!! Bisous à toute l’équipe .

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