VOILA C’EST FINI !


Lorsque l’avion s’est posé à Charles de Gaulle le 14 mars dernier en milieu d’après-midi, nous étions heureux malgré nos mines chiffonnées.
Heureux de retrouver notre bonne vieille terre de France et ses institutions, telles qu’un bon fromage, quelques frites craquantes et moelleuses, un bon petit déj’ « pain/beurre/confiture » … Voyez comme le bonheur tient à bien peu de choses !

Ajoutons à cela une dernière semaine dans le Sud du Vietnam en demi teinte, et vous comprendrez pourquoi notre joie d’être là est palpable et pourquoi nos cartes postales brillaient par leur absence.

Je vous livre la fin de l’histoire, sans concession : Voici Rose et son chapeau conique sur la tête, un joli sourire il est vrai, petite, menue mais un peu têtue. Elle ponctue toutes ses phrases par voilà et avoue qu’elle a encore des progrès à faire en français. C’est vrai, mais nous ne parlons pas un traitre mot de vietnamien…

IMG_0919

IMG_4474

DE NHA TRANG À HO CHI MINH EN PASSANT PAR DALAT

Nous l’avons rencontrée à NHA TRANG, à notre sortie d’avion. L’après midi était bien avancée, nous avions faim. Le restaurant choisi propose une cuisine typiquement locale et des spécialités de la mer.
Il est temps de partir pour les visites prévues, soit pour débuter une… pagode. Encore ! C’est qu’ils en ont un peu assez nos photographes. Ils ont fait le tour du sujet, en long, en large, en panoramique, en contre plongée, en contre jour… Rose, varie les plaisirs, offre leur des paysages, des scènes de rues ou d’intérieurs, de la faune, de la flore, du quotidien, de l’actuel, quelque chose de beau, de simple, de nouveau, etc.

Pas de problème… Mais nous visiterons la pagode.
Et les déceptions vont s’enchainer… l’hôtel, le dîner du soir (bon tout de même, mais au pas de charge et sous surveillance), le déjeuner et les visites du lendemain sur lesquelles nous avions misé gros pourtant. Pensez, un village de pêcheurs et la visite d’un aquarium… Un véritable flop dans les eaux turquoise !

Nha-Trang-1.jpg
Village de pêcheurs
Nha-Trang-2.jpg
L’aquarium de Tri Nguyen revêt la forme d’un galion.

Nha-Trang-3.jpg

Heureusement qu’il existe de bonnes petites glaces pour vous remonter le moral !
Et puis tout n’est pas gris bien sûr : il y a eu les jolies roses offertes à toutes les filles du groupe ce 8 mars pour la journée de la femme, un déjeuner généreux et tellement bon dans ce village de pêcheurs reconvertis dans le commerce, quelques jolies prises de vue saisies dans le roulis des vagues.

DSC03129-r-WS.jpgLa prochaine étape, c’est DALAT et ses hauts plateaux. Attention aux chutes des températures ! Et aux chutes de pierres, et aux chutes de pluie, et aux chutes massives de brouillard… Mais que se passe-t-il ? La malchance jouerait-elle contre nous ?
Le programme ici nécessite des ajustements, Rose s’en charge… hélas.

Comme joyeuse perspective, elle nous propose la visite de la Maison de Nga, un lieu « crazy » selon ses dires. En effet, il faut être fantasque pour construire une telle maison. C’est une performance d’artiste fantaisiste – pas n’importe laquelle puisque c’est la fille du défunt secrétaire général du parti communiste – qui prend pour prétexte la protection de l’environnement pour financer son projet de maison perpétuellement inachevée, dans laquelle se trouvent des  logements, des boutiques, etc.

Nha-Trang-4.jpg

Nha-Trang-5.jpg

Un passage bien trop long par la vallée d’amour et sa multitude de cœurs, de manèges, de décors enfantins apporte un peu plus de confusion dans nos esprits.

Nha-Trang-6.jpg
La vallée d’amour…

– « Pardon, mais il y avait quelques jolis parterres fleuris ! ».
– « Exact, mais à proximité il y a le jardin botanique et sa collection d’orchidées à photographier… Or, le soleil se disperse et s’échappe pour mieux préparer son coucher. D’ici quelques minutes, il sera trop tard pour fixer ces toutes belles sur nos cartes mémoire ! »

Nha-Trang-7.jpg
Au jardin botanique


La soirée est là et forme un rempart entre l’objectif et les délicats pétales. C’est la déconvenue une fois de plus. Nos photographes sont déçus et résignés.
Reste le joli marché aux fleurs qu’il est bon de traverser tôt le matin avant de remonter dans le bus et d’avaler les kilomètres.
Apprends, Rose que l’art d’un beau cliché vient selon son propre hasard, un ordre que lui seul établit. Et les plus belles images de nos photographes viennent souvent de ces instants de liberté d’avant ou d’après programme.

DSC03234-r-WS.jpg

LE DELTA DU MEKONG

Vous comprenez mieux notre silence durant cette dernière semaine. S’ajoutaient à ces déconvenues, la difficulté à post traiter les clichés les plus représentatifs du périple, la fatigue aussi, le bruit surtout qui vous mange la tête et l’esprit.

Mais parlons maintenant de Song Cuu Long, le fleuve des neufs dragons. Si vous voulez en connaître davantage sur ce cours d’eau, voyez ici.
Nous sommes le 10 mars et le départ vers HO CHI MINH est imminent. Rose l’appelle SAÏGON. Elle y travaille et vit dans sa banlieue avec son mari et sa petite fille, Sue.

rose-1.jpg
Rose, notre guide

La route est longue et si les ondes de la déprime ne s’estompèrent pas… c’est que « la route la plus belle du voyage »[1] ne tiendra pas ses promesses.
Parlons d’abord du cours de vietnamien donné par la guide, tandis que le bus avale les dizaines de kilomètres à allure constante et en respectant de façon scrupuleuse la vitesse autorisée de 50 ????
29 caractères dans cet alphabet, des lettres qui n’existent pas (f, j w et z), des prononciations sur les voyelles parfois différentes en fonction de l’accent. D’une région à l’autre, les vietnamiens ne se comprennent pas toujours. Bref, certaines sonorités ont des humeurs d’automne, tandis que d’autres chantent comme le printemps… Il est clair que nous ne retiendrons rien ou presque de cette leçon sauf peut être l’élève Solange !

STOP ! Point de vue. La providence de nouveau nous accompagne et nous offre… une course de vélos impromptue et tout son aréopage motorisé et tonitruant. Avec ce temps radieux et la luminosité qui inonde, les photos et les films seront sublimes.
C’était coloré et surprenant cette envolée ce cyclistes roulant à vive allure !
Prochain arrêt « bord de route » : un champ de café… voilà bien un décor enchanteur !
Sa dimension est exactement celle du bruit bourdonnant de la route. Fort heureusement, nous aurons des petits paquets cadeaux : Ici quelques guêpiers, là une dizaine de buffles et leur « bufflière », un joli papillon, quelques fleurs de thé ou de café, un sabot de Vénus.
Et comme des automates chacun regagne sa place et les kilomètres s’ajoutent aux kilomètres.

DSC03397-r-WS.jpg

guêpier-gorge-bleue-1.jpg
Guêpier à gorge bleue

Bien sûr, on nous parle des forêts de bois précieux, du bois de rose, du bois d’ébène, d’une faune et d’une flore luxuriante. Nous traversons aussi, mais à vive allure (50 km/h) SADEC, la ville où vivait Marguerite Duras adolescente, quelques arroyos où naviguent de petites embarcations. Bien sûr, nous passons devant de petits restaurants sympathiques et qui auraient tant plu aux curieux que nous sommes, mais là pas d’arrêt… nous avons pris du retard.

Pourquoi faut-il toujours que nous nous arrêtions dans des lieux assourdissants où l’on entasse pèle mêle touristes français, russes, allemands, anglais et chinois (le plus bruyant), des lieux peu stimulants pour la photo et pour le repos mais où il existe inévitablement la boutique de souvenirs à traverser ?

Nous voilà enfin arrivés à HO CHI MINH : C’est vertigineux tant dans les hauteurs, la superficie, le ballet des vespas, les paradoxes et – n’oublions pas – le bruit. Ici on tente de gommer les traces du passé, mais il reste sous-jacent à chaque coin de rue, dans les marchés, voire certains quartiers. Alors, qui l’emportera dans ce combat du XXIe siècle et de la tradition ?

DSC03848-r-WS.jpg

DSC03846-r-WS.jpg
Le soleil s’est couché, douche et dîner… avec bruit et puis coucher pour beaucoup ou balade nocturne jusqu’au marché Ben Thanh (une bulle de liberté).
Demain, c’est le 11 mars, il faudra se lever tôt pour rejoindre le batelier qui nous fera découvrir le Mékong.

Quelqu’un aurait-il oublié de souhaiter un bon anniversaire à Jean-Pierre ce matin ???
N’ajoutons pas de commentaire à cette remarque fallacieuse et avalons docilement nos kilomètres jusqu’à Can Tho. On s’arrête devant une pagode. Encore !!!! Un bouddha géant, des statues géantes… Grrrrr !

pagode-1.jpg
La pagode aux trois bouddhas !

mekong-1.jpg
Sautons plutôt dans la jonque. C’est notre manière discrète de nous éloigner du lieu religieux. Et le premier constat est sans appel, le Mékong est très largement pollué.
La balade nous fera néanmoins du bien et le restaurant qui nous accueille propose un poisson « oreille d’éléphant » et du riz bien sûr. Chacun ses institutions. Nous visiterons une « fabrique » de caramels de noix de coco, c’est pour le moins artisanal et loin de nos standards d’hygiène, mais instructif.
Pas de retour sur Saigon, c’est ici que nous fêterons l’anniversaire de Jean Pierre. Il aurait mérité une ambiance plus cosy pour ses 77 ans. Le voilà qui souffle ses bougies dans un brouhaha insupportable.

anniv-1.jpg
Le 12 au matin tous nos photographes, armés jusqu’aux dents et l’espoir au bout de leurs objectifs, sautaient d’un pas léger dans une jonque, destination le marché flottant de Can Tho. Cela donna des choses un peu curieuses vues du bateau… des étirements, des équilibres, des voltes faces et des contorsions de toutes sortes afin de mieux capter les gestes quotidiens de ces commerçants de l’eau qui vivent sur leurs esquifs. Entre les échanges, la toilette, la préparation d’un déjeuner, l’adresse d’une batelière maniant sa rame, les ananas, les pastèques et les légumes accumulés à l’arrière d’une pirogue, les chapeaux coniques et tous ces sacs plastique qui finiront hélas un jour dans le Mékong, nos geeks du click ont pris du plaisir. ENFIN !

DSC09876-r-r-WS.jpg

mekong-1.jpg

mekong-2.jpg

DSC09857-r-WS.jpg

Puis, il y a eu le petit jardin où les papillons, les libellules et la chenille s’étaient donnés rendez-vous dans les fleurs, puis le marché de Can Tho – typique avec ses effluves mêlées d’épices, de poissons et de viandes faisandées.

DSC03751-r-WS

libellule-1.jpg
Il faisait faim lorsque nous sommes arrivés dans cette grande salle de restaurant de My Tho, désertée par les groupes de touristes et où de nouvelles expériences culinaires nous attendaient… Et c’est cahin-caha que le retour s’est effectué. La fin du voyage est proche. Nous regagnons HO CHI MINH tandis que Rose se plonge dans l’examen attentif du programme du lendemain.

DSC03875-r-WS.jpg

DSC03896-r-WS.jpg

Des choix s’imposent encore. Mais pour les 14, plus question de visiter un seul lieu de culte, même pour « faire de belles photos »… A chacun ses critères d’esthétisme.
Le 13 mars, le groupe se retrouve devant le Palais de la réunification sur un timing contestable. Un peu de liberté ne nuit pas et si Rose s’agace, l’essentiel n’est-il pas de ne pas se perdre ? Visite de la poste : Plan et structure Eiffel, un sujet inspirant sur les lignes de fuite, puis l’Opéra où se joue actuellement un spectacle chorégraphié par la première troupe asiatique ayant signé contrat avec le Cirque du soleil. A ne pas rater… Mais avant, nous passerons par le quartier chinois pour ramener de cette sauce Nuoc Mam « Phu Quoc » – la meilleure paraît-il – et pour l’ambiance qui règne ici… décoiffante, ahurissante, les mots me manquent.

palais-1.jpg
Palais de la réunification : salon des ambassadeurs.
palais-2.jpg
Palais de la réunification
palais-3.jpg
Palais de la réunification

 

DSC03799-r-WS.jpg

DSC03812-r-WS.jpg

Vient 18:00 H et la belle et grande émotion : Quel exploit physique, poétique incroyable et rythmé ? Le clair obscur ajoute une intensité à ce spectacle opératique où les bambous et les artistes s’entremêlent et s’entrechoquent, les paniers virevoltent et les masques vous trompent l’œil avec humour au son d’instruments à cordes et de tambours traditionnels. Il n’y a rien de comparable en France.
Le bus nous cueille à la sortie pour le dernier repas du séjour. Un remake de la croisière s’amuse ! Des touristes par milliers prennent place dans le mastodonte qui fera un petit tour dans la baie. Les décibels ne se comptent plus, c’est l’apothéose… Joyeux anniversaire Jean Michel.

C’est heureux que le repas du midi nous ait comblé. L’ambiance y était « girly » certes, mais c’était un lieu confidentiel et au calme et qui plus est, la cuisine y était délicieuse, servie par une jeune femme souriante et attentionnée. C’est cela que nous aurions aimé avoir tout au long de ce périple.

Alors oui, nous sommes heureux que ce voyage se termine. Ce n’est pas tant le pays qui est en cause, mais bien le format du circuit proposé.

Les 14

[1] En toutes lettres dans le programme

Laisser un commentaire