Les chasseurs d’images, c’est le doigt sur le déclencheur qu’ils pratiquent la chasse photographique. il s’agit alors d’une activité dont la finalité consiste à immortaliser leurs rencontres avec le monde sauvage. Ils partagent néanmoins, avec les chasseurs de gibier, les techniques d’approche, de camouflage, d’affut, ainsi que l’incomparable connaissance d’un milieu naturel dont ils deviennent les ambassadeurs par l’image.
Chasseurs d’images et chasseurs de gibier ne sont généralement pas amis ; les premiers reprochant aux seconds « de tuer » alors qu’eux-mêmes ne font qu’immortaliser, les seconds se retranchant derrière une pratique née des premiers hommes et critiquant le fanatisme et l’intransigeance des premiers.
Balayons ces vaines querelles qui ne font qu’entretenir un climat malsain entre deux pratiques respectables, chaque catégorie abritant des bons et des mauvais chasseurs.
Le vrai chasseur d’images obéit à des règles très strictes qui imposent de préserver la tranquillité des espèces sauvages. Le vrai chasseur d’images se délecte du spectacle offert par la nature. Il lui arrive même parfois, d’oublier de photographier tant il est empli d’émotion.
Il y a quelques années, j’ai invité un ami, fréquentant le même club photo que moi, à photographier le guêpier d’Europe. Avant cela, je lui fis promettre de garder le lieu secret afin de préserver la tranquillité des oiseaux. La semaine suivante, j’apprenais que mon ami avait convié plusieurs membres du club photo à l’accompagner sur place. Certains d’entre-eux y sont ensuite retournés seuls… Cette « trahison » aurait pu en rester là, mais les guêpiers maintes fois dérangés par une pratique irresponsable de la photo animalière ont abandonné les nids… et leurs progéniture… Aujourd’hui encore je me sens responsable de ce gâchis. Quant à mon « ex ami », aujourd’hui il s’érige en ardent défenseur de la nature… On croit rêver !
Il y a les bons et les mauvais chasseurs !
Une parfaite connaissance de l’animal et du milieu où il vit
La chasse photo utilise la même démarche que celle du chasseur solitaire. Elle requiert une parfaite connaissance de l’animal convoité afin de pouvoir l’observer et le photographier en pleine action, dans son cadre de vie.
Cette intrusion discrète dans la vie de l’animal, s’effectue grâce aux techniques de la chasse traditionnelle. Affût, camouflage, silence et approche face au vent, permettent de braquer son objectif sur l’animal, sans qu’il détecte votre présence. Mais pour le débusquer, il faut savoir trouver sa trace, connaître ses habitudes, son mode de vie et ses réactions. Par ailleurs, contrairement à la chasse cynégétique, les sujets photographiés ne sont pas nécessairement comestibles. Ainsi les oiseaux, par exemple, ornent l’album de certains amateurs de la discipline. Inutile de préciser qu’ils connaissent leur chant (Michel, si tu me lis…).
Un respect total du milieu
Pour inoffensive qu’elle puisse paraître, la chasse photographique doit néanmoins scrupuleusement respecter des règles d’éthique. Il n’est pas question d’effrayer l’animal, d’entraîner l’abandon d’une couvée ou de détruire son habitat. La présence de l’homme ne doit pas avoir d’impact sur le territoire de son sujet photographique et de ses habitants.
Et le chasseur de gibier, alors ?
Quoi qu’on en dise, c’est également un amoureux de la nature, qu’il parcourt sans relâche à la recherche de proies. Le chasseur de gibier « responsable » préserve le milieu dans lequel il évolue et ne prélève que ce dont il a besoin. Le chasseur joue également un rôle de régulation des espèces et participe à la lutte contre certaines espèces nuisibles. Là aussi, des règles strictes existent.
Mais, j’ai rencontré des chasseurs de gibier qui venaient de tirer ici sur un cormoran ou là sur un héron cendré. De pauvres imbéciles… qui n’ont de chasseur que le nom. Vous les reconnaîtrez facilement, ce sont les mêmes qui tirent sur les panneaux de signalisation au bord des routes…
Il y a les bons et les mauvais chasseurs !
Alors, vous vous demandez sans doute pourquoi cet article, plus philosophique que photographique ? Tout simplement pour rendre hommage à un ami, guide de chasse au gros gibier, qui se reconnaîtra.
Il y a deux jours, il m’a proposé de me montrer sa technique d’appel des chevreuils, afin de me permettre de les photographier à très courte distance. En quelque sorte une alliance, peu banale, entre chasseur de gibier et le chasseur d’images. Une expérience fabuleuse ou l’homme parvient à reproduire un comportement animal. Un jeune chevreuil est alors sorti de nulle part, traversant un champ de blé moissonné, il s’est dirigé vers nous jusqu’à s’approcher si près qu’il me fallu réduire la portée de mon zoom.
Alors David, je sais que tu vas lire cet article. Il t’est totalement dédié en remerciement de cet instant magique que tu m’as permis de vivre !
Les bons chasseurs finissent toujours par s’apprécier !
Les photos :







Quelques minutes de pur bonheur avant que l’animal ne parte se remettre à l’abri et reprenne son activité habituelle.
À bientôt !
Jean-Michel
C est exactement cela! La connaissance du lieu et des espèces est primordiale. Aussi je ne photographie qu’avec une focale fixe de 300 sur apsc tout en restant parfois un simple spectateur… j’adore cet article, éthique, respect et toujours cette remise en question qui nous anime pour souvent le plus beau des spectacles.
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Super Jean Michel,
Entièrement d’accord avec cette vision des choses.
Brigitte
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Effectivement, nous avons passé de superbes moments tous les 3
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très bon commentaire ! le bêtise humaine ne s’explique pas tjrs …Jolie biche !!!
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Très beau commentaire je kiffe grave la chasse photo..tout ce que tu as dit je le vis intensément et avec un grand plaisir..l affût, l attente, le silence au point du jour puis le pépiement des oiseaux puis le craquement d une branche et l apparition du sujet convoité et là l impression d un bonheur indicible..
L approche, les branches qui craquent sous tes pas malgré beaucoup d attention, puis un craquement et on voit l animal de lever, on s accroupit pour ne pas l effrayer en temps qu être humain et là piqué de curiosité il s approche pour voir l origine de ce clic clic clic…
C est une vrai drogue ce plaisir de chasse..photo pour ma part….
Vraiment très très beau commentaire…
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Dans une chasse sans victimes, on attrape le bonheur qu’on accroche dans notre cœur.
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Triste expérience. Je comprends que tu t’en sois voulu, mais tu avais confiance. Confiance trahie par quelqu’un qui ne la méritait pas. Ça me fait penser au monde de l’urbex où les vrais urbexeurs ne donnent jamais leurs lieux. J’avais eu une discussion avec l’un deux qui m’expliquait qu’il ne dérogeait jamais à cette règle. A l’époque je m’étais senti vexé. Ton récit prend tout son sens et je comprends enfin l’intransigeance du gars
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Peu importe quel chasseur on est, on est toujours de trop dans cette nature que l’on bouscule…
Souvent nous ne prenons pas conscience que c’était notre garde manger et maintenant on emprisonne à vie des animaux ne pouvant donner la mort qu’avec un billet chez le boucher…
Mais c’est partager nos visions et points de vue sans animosité qui nous fait grandir et qui nous apprend.
Le contraste d’un chasseur qui tue avec un protecteur des animaux muni d’un appareil photo montre que nous pouvons tous nous rejoindre pour des moments d’échanges ou l’on apprend tous. Bise à vous tous 😉
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Je savais que tu finirais par sortir du bois… et pourtant je j’ai pas utilisé d’appeau…
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