Longues focales : choix et utilisation


Les longues focales sont généralement choisies  par les photographes amateurs de sport, de photo nature, d’ornithologie,les  « animaliers » ou encore les passionnés de meetings aériens. Si les longs téléobjectifs lumineux sont très qualitatifs, ils sont aussi vendus à des prix frisant la déraison. C’est pourquoi ce billet se limitera aux téléobjectifs et télé-zooms plus abordables pour l’amateur.

Critères de choix

image1.png

 

Pour choisir une longue focale, il convient de prendre en compte plusieurs paramètres : son prix de vente, son coût réel d’utilisation (prix rapporté aux nombres d’utilisations/an + accessoires complémentaires indispensables), son poids, son ouverture, le type de verres utilisés, sa tropicalisation et la qualité de sa stabilisation.

J’ai choisi de limiter la sélection qui va suivre à la somme maximale de 2800 euros. C’est déjà une dépense conséquente, mais rassurez-vous:  de nombreux produits sont bien moins chers, pour longues focales comprises entre 400 mm (un minimum pour ceux qui souhaitent photographier l’avifaune) et 600 mm.

 

Ma sélection des meilleures longues focales à prix « contenu »

Les 100-400 mm :

image2.png

Le 100-400 mm est une optique à la fois légère (tout est relatif) et facilement transportable (c’est tout de même moins encombrant qu’un 150-600 mm). De 100-400 mm sur un 24×36, cet objectif se transforme en 150-600 mm lorsqu’il est utilisé sur un boîtier APS-C ou sur un Full Frame pouvant passer en APS-C (Nikon D850 – Sony A7RIII, etc.).  C’est donc l’outil parfait du photographe naturaliste voyageur. C’est également un excellent produit pour qui veut s’initier à la photographie animalière. Ne pas oublier qu’en photographie animalière un bon affût remplacera souvent l’utilisation d’une très longue focale.

Certains photographes reprochent au 100-400 une longueur focale un peu juste, notamment lorsqu’il s’agit de photographier les oiseaux. Ce n’est pas faux, mais la photographie est faite de concessions ; avec un 100-400 ce que l’on perd en focale on le gagne en luminosité (f/5,6 au lieu de f/6,3) et en maniabilité grâce à un poids moindre.

Note: les liens figurant sur les noms des objectifs renvoient aux tests effectués par l’excellent site « Les Numériques  » ou encore par le magazine « Le Monde de la Photo ».       

 

Une focale atypique : le 200-500 de Nikon

image3.png

Le 200-500 de Nikon présente une focale glissante atypique. Il se positionne entre le 100-400 mm et le 150-600 mm. Du premier il conserve l’ouverture (f/5,6), tout en allongeant la focale maximale de 100 mm. Ce serait parfait si au passage il ne prenait pas un petit kilo de plus… Mais on lui pardonnera cet embonpoint tant sa qualité optique est grande et son prix de vente très sage (assez rare de nos jours pour ne pas être signalé).

Si votre boîtier est un Nikon D7500, D500 ou D850 et si vous souhaitez conserver une partie de vos économies, vous ne trouverez pas mieux que cet objectif. C’est un « must have »  !

 

Pour ceux qui veulent une focale encore plus longue

image4.png

S’offrir un 600 mm ne nécessite plus aujourd’hui de faire un crédit sur plusieurs années, de revendre sa voiture ou d’hypothéquer son chalet à la montagne… En effet, le ticket d’entrée se situe à moins de 1000 euros avec le Sigma 150-600 mm Contemporary. Une optique qui, pour moins de 2 kilos, offre une très belle qualité d’image. C’est mon optique préférée parmi la liste ci-dessous (meilleur rapport prix/poids/performance).

Lorsque j’ai cité, en introduction, les critères de sélection d’une longue focale, j’ai parlé du coût d’utilisation. C’est particulièrement vrai pour les optiques affichant 2 kilos et plus sur la balance, surtout si vous souhaitez pratiquer la photographie animalière. Avec un 150-600 mm, il vous faudra acquérir un bon trépied et une rotule pendulaire, si vous souhaitez pratiquer la photo animalière dans les meilleures conditions possibles. Je ne parle pas non plus des vêtements spécifiques (camouflage), de la tente d’affût ou du filet de camouflage, et du « bean bag » pour les prises de vues à partir de votre véhicule ou d’un affût fixe.

Un 150-600 mm n’est pas une optique très lumineuse, mais elle est 10 fois moins chère qu’un téléobjectif professionnel, tout en offrant une excellente qualité d’image lorsque la lumière est présente. En basse lumière ce sera plus compliqué et les appareils full frame prendront l’avantage en raison d’une meilleure montée en ISO qu’avec un APS-C.

 

Utilisation d’une longue focale sur le terrain

image5.png

Le choix d’une longue focale est parfois dicté par des contraintes qui n’ont rien à voir avec la pratique photographique. C’est le cas, par exemple, quand on s’apprête à partir à l’autre bout du monde. Il faudra alors respecter les règlements de l’aviation civile, notamment en ce qui concerne le poids et l’encombrement du bagage cabine.  Pour un voyage lointain, il faudra faire un choix de raison. Si vous partez pour un safari au Kenya ou  pour photographier les oiseaux du Costa Rica, le 150-600 mm sera un meilleur choix que celui du 100-400 mm, mais il faudra restreindre le nombre d’optiques complémentaires.  Pour un voyage où les sujets seront très variés un 100-400 mm f/5,6 accompagné d’un 24-105 mm f/4 vous permettront de couvrir la quasi totalité de vos besoins.

Le principal ennemi des longues focales se nomme « flou de bougé« . Les constructeurs l’ont compris car la plupart des longues focales bénéficient d’un stabilisateur permettant de gagner de 3 à 4 vitesses. Mais photographier à main levée toute une journée avec un 150-600 mm est quasi mission impossible. Aussi, il faudra veiller à utiliser un trépied ou un monopode afin d’obtenir des images parfaitement nettes.

L’utilisation d’un trépied nécessite de désactiver la stabilisation de votre objectif. Ce peut être paradoxal, mais il faut savoir que le stabilisateur recherche du « bougé » pour le supprimer. Lorsqu’il n’en trouve pas, il en fabrique… C’est ainsi que j’ai vu de nombreux photographes faire des photos floues sur trépied, sans comprendre que le flou venait du stabilisateur resté actif.

Mais le stabilisateur ou le trépied ne peuvent pas tout ! L’utilisation d’une longue focale réclame une vitesse d’obturation importante pour assurer une netteté parfaite à l’image. On considère que la vitesse doit être au minimum égale à la focale pour les sujets fixes et qu’elle doit être le triple de la focale pour un sujet mobile. Ainsi :

  • Un 150-600 mm utilisé à 600 mm sur un full frame demande une vitesse d’obturation minimale de 1/640ème de seconde si le sujet est fixe ou peu mobile. Par contre, pour un oiseau au vol rapide (canard) la vitesse idéale se situera autour de 1/2000ème de seconde.
  • Un 150-600 mm utilisé à 600 mm sur un boîtier APS-C donne une focale de 900 mm (Nikon, Sony, Fujifilm) et de 960 mm sur un boîtier Canon. Un sujet fixe ou peu animé réclamera donc une vitesse d’environ 1/1000ème de seconde, tandis que pour notre canard en vol il conviendra d’utiliser une vitesse proche du 1/3000ème de seconde.

Dans votre calcul, il faudra également tenir compte de l’utilisation ou non d’un télé-convertisseur. Ainsi :

  • Un 100-400 mm auquel est adjoint un télé-convertisseur x 1,4 devient un 140-560 mm sur un full frame et un 170-840 mm sur un APS-C . Il faudra donc appliquer le même principe que ci-dessus selon que le sujet est fixe ou mobile.

Enfin, et pour être complet, sachez que sur les longues focales un accessoire est particulièrement utile. Je veux parler du pare soleil. Sans lui, les photos paraîtront délavées, sans contraste. Si vous recherchez la qualité absolue pour vos images, cet accessoire est absolument indispensable.

 

Le stabilisateur, pas toujours utile !

Les longues focales reçoivent toutes un dispositif de stabilisation destiné à supprimer le flou de bougé lors d’utilisation de vitesses lentes. Comme dit précédemment, ce dispositif est contre productif lorsque l’appareil est fixé sur un trépied. Par contre, lorsque qu’il ne l’est pas, le stabilisateur n’est efficace que si la vitesse est inférieure à 1/500ème de seconde. A partir de cette vitesse, il convient de désactiver la stabilisation de l’optique.

 

Conclusion

Aujourd’hui les longues focales ne sont plus réservées aux professionnels. Tous les produits évoqués dans ce billet constituent des bons choix dès lors qu’ils sont accompagnés d’un bon boîtier : Canon 5D mark IV –  Canon 6D Mark II –  Canon 7D mark II –  Nikon D850 –  Nikon D500 –  Nikon D7500 – Fujifilm X-T2 –  Fujifilm X-T3 –  Olympus OM-D E-M5 II –  Sony A7III –  Sony A7RIII.

Pour ceux qui peuvent mettre un peu plus cher que la limite des 2800 euros fixée dans cet article, le marché de l’occasion des longues focales très lumineuses s’ouvre à eux.

La photographie animalière n’a jamais été aussi pratiquée qu’à notre époque. L’évolution de leur prix de vente a démocratisé les  longues focales, et l’arrivée sur le marché des 150-600 mm, y est certainement pour quelque chose. Mais il est bon de se rappeler que la nature est fragile et que (source WWF) 60% des espèces animales ont disparu depuis 1970... Cette constatation d’un comportement humain bien peu glorieux, me remet en mémoire cette phrase de Sitting Bull :

« Quand ils auront coupé le dernier arbre, pollué le dernier ruisseau, pêché le dernier poisson. Alors, il s’apercevront que l’argent ne se mange pas !« .

La nature est fragile, protégeons la !

Bonne journée

Jean-Michel

Une réflexion sur “Longues focales : choix et utilisation

  1. hermand christophe

    Oui la faune sauvage subit une pression de plus en plus forte et néfaste, exercée par l’homme. S’il ne se ressaisit pas, ce dernier en paiera probablement le « prix fort ».

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s