Fabien Hermand est un passionné de photo nature, activité qu’il pratique depuis son plus jeune âge (macro, paysage, mais surtout photographie animalière). Mais ses études (dans le milieu médical), ne lui laissent que peu de temps pour se livrer à sa passion. Quand on est jeune, il faut bien préparer son avenir…
Profitant de quelques jours de vacances, il est parti, seul, en montagne, pour décompresser. Son but ? Aller à la rencontre des bouquetins. Mais il va falloir se payer six longues heures de marche aller-retour… Son matériel ? Un bon vieux Nikon D300S et un 80-300mm. Rien de très sophistiqué, mais c’est la passion qui compte.
Rentré de vacances, il m’adresse un mail, accompagné d’un beau texte, illustré de quelques photos, et me demande si je peux publier le tout sur mon blog. Il n’ignore pas que je lance très régulièrement des appels aux lecteurs afin qu’ils partagent leurs expériences photographiques.
Je vous laisse donc vous évader quelque part dans les Alpes françaises avec Fabien, sa prose et ses photos. N’oubliez surtout pas de laisser un petit commentaire, cela lui fera plaisir.
Que c’est agréable de voir les jeunes se passionner ainsi pour la nature !

Arrivé dans les alpes françaises il a quelques jours, il ne m’a pas fallu longtemps pour décompresser et faire le vide malgré le contexte sanitaire très particulier qui s’impose à nous. Je respire enfin, et que cela me fait du bien !
Entre brumes et cimes estivales, je passe de bons moments dans cette nature encore brute et sauvage. Je ne suis pas familier de la haute montagne et pourtant, je m’y sens à ma place comme nulle part ailleurs. Pour y vivre des instants privilégiés et la découvrir dans son intimité, il faut s’employer. Mais durant cette semaine, le temps ne fut que très peu clément pour la marche. En revanche, celui-ci se révèle plus intéressant dans la pratique de la photographie. Seul regret, je n’ai pu apercevoir de bouquetins pour le moment, à l’instar de notre dernier passage dans la région, il y a de ça 7 ans. Cet animal emblématique des Alpes n’a pas voulu se montrer jusque-là. Et pourtant je sais que je cherche au bon endroit, dans son milieu de prédilection. Mais le brouillard, étonnamment important et épais ces derniers jours, ne facilite pas son repérage.
Vendredi 16 juillet 2021, dernier jour en Tarentaise avant de se diriger plus au nord, dans la chaîne des Aravis. La météo s’adoucit et je décide de me préparer pour une dernière sortie. Les conditions semblent idéales pour réaliser des images fortes de caractère. Une lumière orageuse se dégage du ciel et de ses nuages. Il ne manque plus que le cadre et le sujet.
Toujours dans ma quête du bouquetin, je pars dès le début de l’après-midi. En effet, c’est encore une bonne marche qui s’annonce : jusqu’à 6h aller-retour si je ne trouve pas mon sujet avant le point culminant, à 2987 m. C’est la persévérance qui me pousse, car je suis déjà à plus de 65 km parcourus avec mes « 2 pattes d’homme » au cours des 5 derniers jours. Autant dire qu’avec potentiellement 1 km de dénivelé, cela ne s’annonce pas facile.
Le sentier s’élève dès le début avant de s’assouplir en longeant la montagne très abrupte à cet endroit. Après seulement 30 min, je suis stupéfait d’apercevoir pour la première fois une étagne (femelle bouquetin) sur cette pente. Je suis déjà très content, d’autant plus qu’elle se trouve à moins de 10 mètres de moi. Je m’empresse de sortir mon reflex pour immortaliser ce moment. Puis elle continue son chemin dans le même sens que le mien. Elle arrive sur une zone rocheuse et me démontre son aptitude à l’escalade. Elle semble attirée par la hauteur, peut-être à la recherche d’une sensation de grandeur… Une véritable équilibriste des crêtes. Entre-temps il s’est mis à pleuvoir. Je protège mon matériel alors que l’étagne redescend et se fond dans le décor, camouflée par la roche. De temps à autre je la perds de vu puis elle réapparaît en contre-jour. Après un bon quart d’heure je la laisse poursuivre son aventure et je fais de même en ayant pour nouvel objectif de trouver des mâles, plus facilement repérable, car la plupart du temps en groupes.

Une heure après mon départ, j’arrive alors dans une vallée. Il pleut encore, ce qui ne semble pas gêner mes amis les marmottes qui profitent de la verdure. L’une d’entre elles se rapproche de moi. Je m’accroupis. Elle me regarde, je la regarde, puis elle part rejoindre son terrier qui abrite certainement ses petits. Je décide de ne pas consacrer trop de temps dans cette vallée, car il me faut continuer de monter si je veux avoir une chance de photographier les bouquetins. Je traverse les ruisseaux qui affluent en contrebas, en écoutant les sons qu’ils délivrent accompagnés par ceux des niverolles alpines très présentes à cette altitude. J’arrive à une sorte de « checkpoint » avant d’entrer dans le dur. Je m’hydrate avant de commencer l’ascension du col dont le sommet est annoncé à 2 h. Je monte à bon rythme, alors que quelques randonneurs descendent. Un apollon dans les fleurs de saisons agrémente cette montée. Puis je repère aux jumelles 2 bouquetins mâles qui broutent tranquillement au loin. Au-dessus, un faucon crécerelle vole en stationnaire. Poussée par le vent, la brume disparaît. Les rayons du soleil remplacent l’averse et révèlent la présence du rapace.

Peu de temps après, je rencontre deux randonneurs qui en voyant mon matériel photo, m’indiquent qu’une horde de bouquetins se trouvent à 100-200 m de là. Je les remercie de l’information puis accélère le pas. Une douleur au tendon, présente depuis deux jours, freine ma progression, mais je sais que je ne suis plus très loin… Je peine à avancer, mais ma découverte n’en sera que plus belle. Un dernier effort, ils sont là, dans le calme des montagnes. Je suis comblé, pensez donc… observer cet animal de la chaîne alpine qui a bien failli disparaître, dans son lieu de vie. Et en marchant presque une heure de moins que prévu ! Il faut dire qu’ils vivent haut ces gaillards. Mais le plus gros du travail est fait. Aussi majestueux soit-il, le bouquetin n’est pas un mammifère très craintif et je peux donc dès à présent apprécier ce moment avec eux. Cependant ce n’est pas une raison pour abuser de cette générosité de la nature. Cette proximité possible avec l’homme est aussi responsable de sa presque extinction par la chasse. Par ailleurs, si vous vous êtes accaparé un peu trop de son espace, il partira en courant et en sifflant. Ce sifflement est un cri d’alerte pour le groupe. Ce n’est donc pas parce qu’il est facile de s’en approcher que les bouquetins n’ont pas conscience du danger. Animal comme un autre, il doit être soumis à un minimum de « stress ». Et cela passe également par un très grand respect de son environnement.


Là-haut, je suis seul à les contempler. Ils se prélassent, avant de disparaître derrière une colline pour réapparaître sur le toit d’une autre. Comme un roi, il domine la vallée par sa silhouette musclée.


Je passe 1h30 seul, à les observer, les photographier, les écouter. Je repars finalement avec la carte mémoire et la tête pleines d’images, et de souvenirs. Je retiens particulièrement une photo qui me rend fier d’avoir saisi cette opportunité, bien que je rentre, un peu usé, sous un déluge.

N’oubliez pas de laisser un petit commentaire, cela encouragera notre jeune photographe à nous faire partager ses prochaines sorties nature !
À très bientôt !
Jean-Michel
Merci du plaisir donné par votre récit : des photos de bouquetins se méritent. Bravo pour cette endurance.
Solange
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Pour avoir régulièrement partagé les mêmes émotions au col de la Galise entre Vanoise et Grand Paradis, je vous envie. C’est aussi la terre de prédilection des chamois, plus sauvages mais captivants par leur agilité et élégance. Merci pour ce beau récit.
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Une belle balade qui donne envie de chausser les chaussures de marche et d’attraper son sac photo. Mais, comme le dit si bien Solange, les bouquetins ça se mérite… et ce n’est pas le dénivelé de cette sortie qui me démentira. En attendant les prochaines sorties que je ne manquerai pas de publier ici, bravo pour ce partage, la qualité du texte et des photos.
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Salut Jean Michel et un grand bravo à Fabien.
Tu as fais ce que je rêve de faire depuis des années, mais hélas la vie en a voulu autrement. Et ce n’est pas maintenant à 71 ans que je vais m’y risquer.
Il semble que tu sois jeune d’après J.michel, je suppose donc que ce n’est que le début de tes périples montagneuses avec au bout la récompense que tu connais. Un grand bravo encore donc Fabien et respect mec.
J’aurais deja bien aimé terminer par ou tu viens de « commencer »..
Albert.
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Fabien, très émue par ton récit et tes photos, c’est comme si j’y étais
Bravo et tu as toute la vie pour poursuivre tes rêves
Randonneuse moi-même encore à 79 ans j’ai parcouru tous les continents et toujours avec ma caméra et continue encore dans mes montagnes plus modestes du Québec
Je revi donc tout ses moments de bonheur à travers les photos
Je te souhaite donc la même chance
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Bonjour, bravo et merci au randonneur-photographe. On peut aisément imaginer son bonheur face à la magie d’une telle rencontre. Le rêve !…
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Merci pour ce beau récit et les photos
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Beau récit et belles photos, avec un ciel superbe en prime, ça donne envie de braver les dénivelées. Merci beaucoup et bravo !
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Pour les avoir photographié dans le Jura suisse je comprends votre bonheur de les avoir merveilleusement immortalisé. Merci beaucoup pour votre récit captivant.
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Salut Jean Michel et un grand bravo à Fabien.
Tu as fais ce que je rêve de faire depuis des années, mais hélas la vie en a voulu autrement. Et ce n’est pas maintenant à 71 ans que je vais m’y risquer.
Il semble que tu sois jeune d’après J.michel, je suppose donc que ce n’est que le début de tes périples montagneuses avec au bout la récompense que tu connais. Un grand bravo encore donc Fabien et respect mec.
J’aurais deja bien aimé terminer par ou tu viens de « commencer »..
Albert.
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J’ai eu l’occasion d’aller de nombreuses fois à Val d’Isère en été et il y a effectivement de plusieurs randonnées permettant d’observer la faune et la flore. Celle du col de la Galise m’a permis chaque fois de rencontrer des bouquetins, chamois et marmottes. En outre, le refuge du Prariond a récemment été rénové.
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Lettre à mon fils Fabien,
nous qui vouons une passion commune (depuis une quinzaine d’années déjà) pour la photographie dans la nature, je connais ton enthousiasme, plus encore ton amour pour les animaux et la beauté des grandes espaces naturels. Ce jour là, tu es parti seul sur les chemins escarpés de val d’Isère, et tu as été récompensé de tes efforts physiques (météo peu clémente, plusieurs randonnées les jours précédents, et aucune garantie de voir nos fameux bouquetins). Je suis tellement fier de toi et heureux … Conserve toute ta vie cette passion, ne te détache jamais de cette nature si précieuse pour nous tous. Bravo pour tes images évocatrices et ton récit sincère.
Ton papa.
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Merci pour tous ces commentaires chaleureux, en espérant que ce témoignage vous permet de « voyager » un peu.
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Beau parcours que j’ai eu l’occasion de faire il y a 50 ans avec mon ami guide de Val d’Isère ( Albert BOZON ) aujourd’hui disparu emporté par une avalanche dans le secteur .
Val d’Isère n’était alors qu’un petit village ( quel dommage, au propre comme au figuré ,aujourd’hui !!!!! )
Si vous aimez la nature et les bouquetins , je vous conseille le Grand Paradis en Italie .
Merci encore pour ces bons souvenirs .
Venez aussi dans nos belles Pyrénées vous ne serez jamais déçu !!!!!
Bonnes balades Fabien et prudence en montagne seul .
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Bonjour.
Bravo pour ce jeune photographe, pour ce récit comme pour les photos mises !
J’ai, cependant, un petit penchant pour la photo, en gros plan, du bouquetin qui se gratte le flanc avec l’extrémité et pointe de sa corne droite, et la dernière, avec ce grand bouquetin, en majesté, et qui se détache, imposant, avec l’arrière-plan, et restant placide et imperturbable face aux éléments et à la nature..trop beau !
Bonne continuation à ce jeune photographe qui a du talent.
Bonnes ballades en perspectives également !
Merci pour ce grand et beau partage !
Bonne fin de journée à vous..Denis.
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Un bel effort récompensé par de superbes souvenirs et de très belles images ! J’ai une petite préférence pour la N&B dans laquelle l’animal se fond parfaitement dans le rocher, une photo atypique, très graphique, dans laquelle je prends plaisir à me perdre. Ton texte, par ailleurs fort bien rédigé, nous a permis de marcher sur tes traces… Un grand merci Fabien pour ce bon moment partagé !
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Bravo Fabien,
Je fais aussi de la montagne et je comprends et partage ces émotions .
Même si on ne voit pas d animaux après de longs efforts il y a toujours quelque chose de sublime par la randonnée accomplie et on en revient avec un sentiment de bonheur non explicable …
Très belles photos,
Anne Marie
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Merci beaucoup pour ce partage et bravo pour la qualité de ce reportage, ça permet de faire rêver ceux qui ne peuvent pas se permettre ce genre de randonnée.
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