« Prenez un EOS R6. Ajoutez 4 Mpix à son capteur, doublez sa rafale et améliorez un peu sa dissipation thermique et vous obtenez un EOS R6 Mark II… ». Voilà comment est présenté le R6 II sur une majorité de sites web.
Disons-le tout de suite, je ne suis pas tout à fait d’accord avec cette présentation, plutôt réductrice, du nouveau Canon EOS R6, car sa mise à jour apporte bien plus que ce qui est dit plus haut. Avec ce R6 Mark II, Canon a fait du très bon travail et, pour vous en convaincre, nous allons entrer dans les détails.
Commençons par ce qui ne change pas !

La carrosserie reste inchangée, et ce n’est pas pour me déplaire, car je trouve que sa taille, sa préhension et son poids n’attirent aucune critique. Le R6 de base était donc très bien né avec un châssis en alliage de magnésium, garni de joints d’étanchéité. L’électronique du R6 a été conservée, Canon jugeant – à juste titre – qu’elle remplissait parfaitement ses fonctions.
Aucun changement non plus côté monitoring : le boîtier conserve un écran LCD de 1,62 Mpix et un viseur Oled de 3,69 millions de points disposant d’un taux de rafraîchissement pouvant atteindre 120 Hz.
Le buffer lui non plus ne change pas… et c’est bien dommage ! Un peu plus de capacité n’aurait pas fait de mal. Mais pour être honnête, car on en veut toujours plus, je dois bien reconnaître que je n’ai jamais été gêné par le buffer de mon R6 version 1.
Comme son aïeul, le R6 II sera capable de capturer jusqu’à 190 images en JPEG, 140 images en CRaw ou 75 images RAW en rafale à 40 i/s. Ces valeurs seront plus élevées en optant pour la rafale mécanique à 12 i/s, (1000 images en JPEG, 110 RAW et 1000 CRAW). Voilà pour ce qui ne change pas entre le R6 II et son prédécesseur !
C’est du côté de l’ergonomie que l’on constate les premiers changements, et de cela, nous allons parler au chapitre suivant.
Quelques modifications esthétiques et ergonomiques
Au premier coup d’œil, on remarque un nouveau commutateur sur l’épaule gauche du boîtier. Il permet de passer du mode photo au mode vidéo et inversement. Précisons au passage que le menu de l’appareil s’adapte automatiquement au mode sélectionné, voilà qui est malin et surtout très pratique pour l’utilisateur.
Le deuxième commutateur (marche/arrêt) est positionné sur l’épaule droite, devant la molette arrière. Ce positionnement est-il judicieux ? Je me garderai d’émettre un jugement avant d’avoir eu le boîtier en main. Ce commutateur intègre également le bouton de verrouillage de l’appareil qui permet de sécuriser les différents réglages.
La molette de sélection des modes gagne deux nouvelles inscriptions avec les modes Auto et Scène.
La griffe porte accessoires aussi appelée « griffe de flash » adopte le modèle multifonction inauguré sur l’EOS R3. Cette griffe va permettre d’utiliser de nouveaux accessoires et offrir une communication améliorée avec certains flashs. Parmi les accessoires, citons l’adaptateur pour microphone XLR de Tascam permettant d’offrir aux vidéos un son très haut de gamme (voir illustration ci-dessus).
Enfin, le joystick multicontrôleur a été légèrement redessiné, afin d’offrir un meilleur confort d’utilisation.
Les changements les plus importants
Commençons par le capteur
L’EOS R6 Mark II adopte un capteur CMOS stabilisé de 24,2 Mpix délivrant des images de plus grande taille et offrant de meilleures possibilités de recadrage. 4 millions de photosites, soit 20% de plus que l’ancien capteur, ce n’est peut-être pas grand chose, mais c’est toujours bon à prendre. Le nouveau capteur n’est malheureusement pas empilé et ne bénéficie pas de rétro-éclairage, dommage… mais il faut bien conserver quelques avantages au vaisseau amiral (EOS R3). Cela se traduit par la persistance de l’effet de rolling shutter lors de l’utilisation de l’obturateur électronique, même si les premiers tests indiquent qu’il est bien moins marqué que sur le Canon EOS R7.
Certains influenceurs regrettent que Canon ait limité son capteur à 24,2 millions de pixels alors que le concurrent tout désigné, je veux parler du Sony A7 IV propose une définition de 33 mégapixels. Personnellement, je préfère le choix de Canon. 24 Mpix suffisent à la majorité des besoins des photographes, de plus les photosites étant plus gros, le capteur sera meilleur en basse lumière et la montée du bruit sera plus facilement contenue. Canon a donc fait le bon choix et son R6 II risque d’être aussi bon que son prédécesseur concernant la montée en ISO, malgré l’ajout de 4 Mpix sur le capteur.
La stabilisation du capteur progresse également. Canon annonce un gain de 8 stops en couplant la stabilisation du capteur de de certaines optiques.
L’autonomie du boîtier
C’est sans doute le handicap le plus important des boîtiers hybrides. Mais là encore Canon à fait du bon boulot. Grâce à un EVF et un écran arrière moins gourmands en énergie, le R6 Mark II dispose d’une autonomie doublée tout en conservant les mêmes batteries. Les premiers tests montrent que le boîtier tient la journée en utilisation normale et peut filmer environ 1h30 en 4K 60p avec une seule batterie.
Une réactivité boostée
C’est sans doute la modification la plus importante par rapport au modèle précédent. La rafale passe de 20 à 40 images par seconde tout en conservant le suivi AF sur chaque vue. IMPRESSIONNANT ! La question qui se pose maintenant c’est : « Qui a besoin d’une telle rafale ? » Réponse : les photographes de sport et les photographes animaliers.
Mais attendez, ce n’est tout : la rafale RAW permet maintenant de capturer des images pendant une demie seconde avant chaque déclenchement (seulement en interne ou avec le logiciel gratuit DPP de Canon). Terminé le décollage des oiseaux que vous avez raté faute de réactivité. Cette option va permettre à de nombreux photographes de proposer de nouvelles images en réussissant à obtenir facilement ce qui était bien plus compliqué avant.
Canon… chapeau bas !
Pour être complet, j’ajouterai que le mode rafale RAW enregistre jusqu’à 191 vues à 30 i/s, avec suivi AF. C’est pas beau ça ? Il faudra toutefois accepter un léger crop de 1,25 x. De cette rafale on pourra extraire une ou plusieurs photos au format JPEG, HEIF ou RAW.
Sachez tout de même que le R6 Mark II permet de choisir une rafale à 20 images par seconde afin d’éviter la consommation excessive de carte mémoire. Quant à l’obturateur mécanique, il offre toujours une rafale très acceptable de 12 i/s.
Un autofocus de feu !

Disposer de rafales à 40 images par seconde c’est bien, mais encore faut-il que l’autofocus suive et dans ce domaine, Canon semble avoir fait de l’excellent travail. En basse lumière l’autofocus fonctionne parfaitement jusqu’à -6,5 IL, ce qui est remarquable.
Un nouveau mode autofocus « auto » a été ajouté par Canon dans son boîtier. Il a vocation à reconnaître automatiquement le sujet et à le suivre s’il se déplace. Au lieu de présélectionner le sujet, le mode auto combine tous les modes spécifiques et applique le meilleur algorithme en fonction du sujet détecté. Cela peut considérablement simplifier le flux de travail de prise de vue lors de la photographie de sujets mixtes. Pour moi, c’est une amélioration majeure. Pourquoi ? Il m’est arrivé, sur un mariage, de trouver que la détection de l’œil de mon R6 fonctionnait mal, jusqu’à ce que je m’aperçoive que j’étais resté sur la détection des animaux… Avec la détection automatique du sujet, le boîtier aurait parfaitement réagit et je n’aurais pas rencontré ce soucis. Merci Canon !
Canon précise que le photographe peut désigner le sujet prioritaire lorsque la détection automatique a été sélectionnée. En concours hippique, par exemple, le cavalier sera prioritaire sur le cheval.
Concernant le système de détection de l’œil, l’utilisateur a désormais la possibilité de préciser quel œil (gauche ou droit) doit être prioritaire pour la mise au point.
En plus des personnes, des chiens et des chats (mais aussi de certains animaux sauvages parfaitement reconnus), l’autofocus reconnait maintenant les chevaux (et les zèbres, pour ceux qui partent en safari), les trains et les avions pour les autres. Merci à l’intelligence artificielle qui, grâce au Deep Learning ne cesse de progresser. Personnellement, cela ne m’apportera pas grand chose, mais qui peut le plus peut le moins.
Vous en voulez encore ? Et bien sachez que le R6 Mark II propose de nouveaux modes AF hérités du Canon R3. Décidément, le père noël sera en avance cette année (si les livraisons des premiers exemplaires ne se font pas attendre, comme c’est toujours le cas pour le Canon R7…).
D’une manière générale, on peut dire que l’AF s’améliore significativement d’une génération à l’autre. Ce sera de nouveau le cas avec l’AF du R6 Mark II qui sera moins sujet aux distractions proposées par des scènes complexes (déplacement rapide, masquage temporaire du sujet, apparition d’un deuxième sujet, etc.).
Traitement du scintillement
Le R6 II comprend un mode de scintillement haute fréquence similaire à celui du R3. Il est conçu pour vous permettre d’ajuster la vitesse d’obturation pour compenser des éléments tels que les tableaux de bord numériques et l’éclairage LED qui fonctionnent à des fréquences élevées.
Un mode « Focus Bracketing » enfin complet !
Canon a pourvu son R6 Mark II d’un mode de Focus Bracketing complet. Ce mode se montrera très utile en matière de photo nature, de macrophotographie ou de packshot. Il s’agit en fait de la méthode dite du Focus Stacking où le boîtier prend un ensemble de photos en déplaçant la mise au point à chaque vue. Une fois la série réalisée, le logiciel du boîtier empilera les images afin de proposer une photo disposant d’une zone de netteté étendue.
Deux cartes SD UHS II
Ce n’est plus un port USB UHS II que propose le R6 Mark II, mais deux. Encore un choix judicieux de Canon, puisqu’il permet d’utiliser le même type de carte dans chaque port, mais aussi parce que les cartes SD UHS II sont bien moins onéreuses que les CF express et ne nécessitent qu’un seul type de lecteur.
Amélioration de la connectivité sans-fil
La communication du boîtier avec l’extérieur n’a pas été oubliée. Le R6 II propose une connectivité Bluetooth 5 et du wifi 5 GHz pour des débits plus rapides. Le boîtier gère également les protocoles FTP/FTPS/SFTP, protocoles utilisés par les grandes rédactions et les agences de presse. Notez également que l’application Camera Connect propose une version 3.0 disposant d’une nouvelle interface.
Le Canon EOS R6 Mark II est compatible avec les protocoles USB UVC/UAC et peut ainsi être utilisé facilement comme une webcam haut de gamme sur Mac et PC, via Skype, Zoom et Teams, sans nécessiter de logiciel complémentaire.
Vidéo 4K et 6K sans limite de durée
Décidément ce nouveau boîtier a été pensé pour les créateurs de contenu. C’est pourquoi la vidéo n’a pas été oubliée et on peut même dire que les vidéastes ont été chouchoutés. Canon a ajouté plusieurs fonctionnalités pour améliorer le flux de travail vidéo. Lorsque vous travaillez en mode vidéo, le menu Q présente une interface différente, plus spécialisée vidéo. L’appareil photo comprend également une variété de marqueurs de rapport d’aspect, à la fois horizontaux et verticaux. Quand je vous dis que Canon a gâté les vidéastes !
Le Canon R6 Mark II peut filmer jusqu’en 6K 60p ProRes RAW. Bon d’accord, ce n’est possible qu’en utilisant sa sortie HDMI et un Atomos Ninja V+.
En interne, le boîtier offre de la 4K 60p suréchantillonnée en utilisant toute la surface du capteur tout en s’affranchissant de la limite d’enregistrement de 30 min. Ouf, il était temps !
Les premiers tests concernant la surchauffe montrent que le boîtier a aussi progressé dans ce domaine. En 4K 60p le R6 II peut filmer environ 40 minutes sans surchauffe excessive. En 4K à 30 i/s, on atteint 6 heures selon la firme japonaise. Enfin, les ralentis en Full HD passent de 120 i/s à 180 i/s. Voilà qui ne changera pas la face du monde, mais qui va aussi dans le bon sens.
Mais ce n’est pas tout, côté vidéo, l’EOS R6 II adapte automatiquement la mise au point en vidéo lors des changements de focale. Il propose une fonction de compensation automatique du focus breathing (le focus breathing est un terme qui désigne un léger changement d’angle de vue à la suite du réglage de la distance de mise au point. Ce phénomène est courant sur de nombreux objectifs photo et vidéo, à focale fixe ou à zoom.)
Pour l’instant, 7 optiques sont compatibles avec cette fonction :
- Canon RF 14-35mm F4 L IS USM ;
- Canon RF 15-35mm F2.8 L IS USM ;
- Canon RF 24-70mm F2.8 L IS USM :
- Canon RF 24-105mm F4 L IS USM ;
- Canon RF 70-200mm F2.8 L IS USM ;
- Canon RF 70-200mm F4 L IS USM ;
- Canon RF 24mm F1.8 Macro IS STM.
Les vidéastes vont encore être contents. Quant au suivi AF, il s’arrête automatiquement lorsque le sujet disparaît du cadre, ce qui permet d’éviter les phénomènes de pompage.
On notera aussi l’arrivée d’une fonction de préenregistrement de 3 ou 5 secondes en vidéo. Comme en photo, cette dernière permet de récupérer des séquences avant l’appui sur le bouton d’enregistrement.

Le R6 II propose aussi une nouvelle option de « fausses couleurs » qui va considérablement simplifier l’exposition des scènes les plus complexes (voir illustration ci-dessus).
Enfin, et je l’ai déjà mentionné plus haut, Canon dit avoir réduit l’effet de rolling shutter grâce à une transmission des informations plus rapide. Mais Canon a aussi amélioré la stabilisation en mode vidéo. D’après les premiers essais, le vidéaste pourra se passer de stabilisateur dans de très nombreux cas (même s’il n’adopte pas la démarche du ninja…).
Spécifications clés
- Capteur CMOS 24,2 mégapixels
- Obturateur mécanique 12 ips (obturateur électronique 40 ips)
- Stabilisation d’image intégrée évaluée à 8,0 arrêts
- Vidéo 4K/60p (suréchantillonnée à partir de 6K)
- Vidéo 6K ProRes Raw avec un enregistreur Atomos compatible
- Mode rafale brute avec pré-capture
- Mode HDR sujet en mouvement
- EVF de 3,68 millions de points avec rafraîchissement jusqu’à 120 ips (grossissement 0,76x)
- Écran tactile arrière de 1,62 million de points de 3 pouces
- Deux emplacements pour carte SD UHS-II
- Capacité de batterie de 760 photos par charge (CIPA)
L’EOS R6 II sera disponible à partir de fin novembre pour un prix de détail de 2 899 €. Un kit avec l’objectif Canon RF 24-105 mm F4-7.1 IS STM USM sera disponible pour 3 259 €, et un kit avec l’objectif Canon RF 24-105 mm F4 L IS USM sera disponible pour 4 199 €.
Pourquoi renouveler un boîtier qui se vend très bien ?
En photographie comme en tout, c’est souvent l’actualité qui prime. Un boîtier comme l’EOS R6, qui jusqu’à présent se vendait bien, peut voir sa courbe des ventes s’infléchir brutalement après une réponse forte de la concurrence, et cette réponse a aujourd’hui un nom : il s’agit de l’excellent Sony A7 IV.
Canon se devait donc de moderniser son hybride plein format polyvalent. La solution ? Un EOS R6 II bodybuildé, tant au niveau de la rafale que le l’autofocus, mais aussi un EOS R6 II disposant de fonctions vidéo propres à satisfaire les vidéastes les plus exigeants.
Comme je l’ai déjà dit, la décision de Canon de conserver un capteur de 24 Mpix est une très bonne chose. Cette définition est suffisante pour combler les attentes de très nombreux photographes tant en photo qu’en vidéo et elle garantit une excellente montée en ISO, l’une des qualités premières du R6 premier du nom.
La dernière question qui se pose : « Je possède un R6, dois-je passer au R6 Mark II ? » Ce n’est pas à moi d’y répondre , mais à votre bourse…
Bien amicalement,
Jean-Michel
Bonjour
N’avez vous pas fait petite erreur en évoquant 12 images secondes en électronique? En mécanique non?
Excellente presentation claire allant a l’essentiel. Merci
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Merci Reynier, je viens de procéder à une la correction de cette coquille. J’en ai également profité pour corriger quelques fautes de frappe.
Merci de lire ce blog et bonne soirée.
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Merci pour cette belle présentation, sauriez vous quand celui-ci sera disponible ?
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