Fuyez les plus petites ouvertures !


En matière d’ouverture, plus le chiffre est élevé, mieux c’est, non? Faux ! L’ouverture est une notion étrange et parfois difficile à comprendre. La première chose singulière est qu’un grand chiffre tel que f/40 signifie une petite ouverture et qu’un petit chiffre tel que f/2.8 signifie une grande ouverture… Cette convention est  tout sauf intuitive !

Dans cet article, vous apprendrez quelques particularités bizarres sur l’ouverture et sur les raisons pour lesquelles vous devez éviter de photographier dans la plage des valeurs supérieures à f/16.

L’ouverture joue un rôle important dans deux équations différentes ; la première définit l’exposition tandis que la seconde contrôle la profondeur de champ.

Le fait de changer d’ouverture modifiera les paramètres d’exposition ainsi que la profondeur de champ. Dans certains cas, vous pourrez en tirer parti, en particulier si vous êtes un photographe de paysages naturels ou urbains.

 

Les avantages des petites ouvertures

 

ouvertures.jpg

Les photographes de paysages urbains ou non poursuivent deux objectifs communs:

  1. Obtenir une image dans laquelle tous les plans sont nets.
  2. Obtenir des temps d’exposition plus longs pour « flouter » les objets en mouvement tels que l’eau, les piétons ou les voitures.

Il se trouve que ces deux objectifs sont liés à  l’ouverture. Si vous réglez votre appareil photo sur une petite ouverture telle que f/16, vous obtiendrez une plus grande profondeur de champ. En même temps, vous aurez également des temps d’exposition plus longs.

J’ai pris la photo ci-dessous sur le plateau de Valensole, dans les Alpes-de-Haute-Provence. C’est un exemple classique de photographie de paysage utilisant une grande profondeur de champ (ouverture de f/16). Remarquez la présence de trois personnes dans le champ de lavande. Leur taille renseigne  le spectateur sur l’immensité du champ.

lavande-1.jpg

Voici maintenant une seconde image prise avec une grande ouverture à f/4.

lavande-2.jpg

L’utilisation d’une grande ouverture m’a permis de « flouter » le fond et de mettre en valeur le sujet. La profondeur de champ est , dans ce cas, très réduite.

lac-de-montagne-alberta-canada-3.jpg

Regardez maintenant la photo ci-dessus. Vous voulez que le premier plan soit net ainsi que les montagnes à l’arrière plan. En plus de cela, vous voulez que l’eau soit lisse. Il faut des temps d’exposition plus longs pour atténuer les petites ondulations sur la surface.

Pour allonger la durée  d’exposition , vous pouvez fixer un filtre de densité neutre (ND) sur votre objectif. Si votre filtre n’est pas assez puissant, vous pouvez également fermer l’ouverture à f /22 ou plus.

Cependant, plusieurs phénomènes se produisent lorsque vous fermez le diaphragme  d’un objectif à f/22 ou plus. Voyons cela de plus près .

Problème n ° 1: les petites ouvertures révèlent la présence de poussières sur votre capteur

Le premier problème généré par une ouverture très petite  (à partir et au delà de f/16) vient du fait que les poussières  présentes sur votre capteur deviennent douloureusement visibles…

À partir de f/16, les taches présentes sur votre capteur vont aussi apparaître sur vos photos. Cela va entrainer l’obligation d’un post-traitement (les photographes utilisant le jpeg se passent très souvent de cette étape), cela va également allonger le temps de traitement de chaque image.

Problème n ° 2: les petites ouvertures génèrent une perte de netteté

Ce problème peut vous surprendre. Les taches liées à  poussière sont gênantes, mais elles peuvent se corriger. À f/40, il est impossible d’obtenir une photo nette ! Mais à f/22 le phénomène est identique, même s’il est moins marqué.

La diffraction: voilà le problème !

À partir de f/22 votre objectif va se heurter aux lois de la physique, et cela, vous ne pouvez rien y faire. Lorsque vous fermez le diaphragme  de votre objectif, le trou traversé par la lumière devient de plus en plus petit. C’est pourquoi on emploi le terme de petite ouverture.

Lorsque le trou devient suffisamment petit, vous rencontrez un problème issu des lois de la physique, appelé diffraction.

diffraction.jpg

Que les spécialistes me pardonnent, mais pour vulgariser cette notion de diffraction, voici le phénomène expliqué simplement  :  lorsque la lumière passe à travers le trou formé par le diaphragme ses rayons viennent frapper le capteur et notamment ses récepteurs de lumière (les pixels).

Lorsque le trou formé par le diaphragme est important les rayons lumineux ont suffisamment de place pour atteindre chaque pixel selon un angle idéal (voir illustration de gauche ci-dessus). Lorsque l’ouverture est très petite, les rayons les rayons frappent le capteur selon un angle modifié. Chaque rayon atteint alors son pixel mais aussi les pixels voisins ce qui provoque le flou.

Ce problème, connu sous le nom de diffraction ne peut donc pas être corrigé. Alors,  allez-vous me répondre : à quoi servent les objectifs qui ferment  à f/40 ? Bonne question, mais c’est aux fabricants d’optique qu’il faut la poser !!!

Quelle est l’ouverture minimale utilisable?

Quelle est l’ouverture la plus petite que vous pouvez  utiliser ? Tous les objectifs se comportent différemment, mais les lois de la physique sont les mêmes pour  tous. Selon leur conception   certains objectifs seront plus performant à f/5,6 tandis que d’autres obtiendront la netteté maximale à f/8. Là je parle des meilleures ouvertures, celles qui fournissent le meilleur piqué.

À partir de f/13 tout objectif perd de la netteté, mais le problème de la diffraction ne commence à se remarquer qu’après f/16 (autour de f/22).

La meilleure façon de déterminer la limite propre à  chacun de vos objectifs préférés est de placer votre appareil photo sur un trépied et de prendre des photos de test à f/11, f/13, f/16, f/18 et f/22 et plus.

Regardez les photos à 200% sur votre ordinateur. Notez la différence de netteté et décidez de votre limite. Mémorisez cela et veillez simplement à ne pas descendre en dessous de cette ouverture. En ce qui me concerne j’ai une petite fiche dans mon sac photo sur laquelle j’ai inscrit les meilleures ouvertures de chacune de mes optiques ainsi que la limite à ne pas dépasser (généralement f/16).

 

La vie n’est faite que de compromis

La photographie est faite de compromis et maintenant il vous en reste quelques-uns à faire. Comme je l’ai expliqué au début de cet article, il existe de bonnes raisons de vouloir opter pour les petites ouvertures, mais elles révèlent les taches du capteur et provoquent une perte de netteté.

Vous voudrez peut-être réduire le problème des taches de poussière en utilisant f/8. Cependant, la vitesse d’obturation sera beaucoup plus rapide qu’à f/16 et la profondeur de champ sera moindre.

Vous pouvez jouer sur la vitesse d’obturation en utilisant un filtre ND à deux stops, qui produira la même vitesse d’obturation à f/8 qu’habituellement à f/16.

Une autre solution

Vous pouvez résoudre le problème de mise au point en prenant plusieurs photos. La première avec le premier plan net, la seconde avec le plan intermédiaire net et la dernière avec l’arrière-plan net. Puis vous fusionnerez ces trois photos pour obtenir une photo disposant d’une netteté parfaite sur tous les plans. Cette technique est appelée Focus Stacking par les anglophones et empilement de focus chez les « porteurs de bérets mangeurs de baguettes et de camemberts… ».

La pratique de la photographie se nourrit le plus souvent de concessions ! Pas de baguettes ni de camemberts…

Bonne journée

Jean-Michel

Une réflexion sur “Fuyez les plus petites ouvertures !

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