Troisième et dernier opus de cette série consacrée à la photo Naturaliste : La Macrophotographie / Proxiphotographie.

Troisième et dernier opus de cette série consacrée à la photo Naturaliste : La Macrophotographie / Proxiphotographie.
Je souhaite vous livrer ici MA conception de la photo nature, celle que je vis, celle que je pratique, sans oublier les bases, bien entendu.
Loin d’être un cours, ce post vous propose des conseils, des astuces, et vous rappelle les règles d’or de la discipline, règles qui peuvent vous être utiles et que je souhaite partager avec vous.
L’arrivée du printemps, sonne le réveil des fleurs mais aussi des petites bêtes.
C’est également le moment idéal pour sortir son optique dédiée à la macrophotographie.
Après vous avoir parlé de la Lycose Narbonnaise (Lycosa tarentula), je reviens vers les Arachnides avec ce magnifique animal : Le Scorpion Languedocien (Buthus occitanus).
J’ai bien écris animal car, à l’instar des araignées, les scorpions ne font pas parti des insectes. Ce sont des arthropodes de la famille des Arachnides.
Si le Buthus occitanus est le moins commun des Scorpions Français, c’est de loin le plus impressionnant tant par sa taille que par sa couleur, mais surtout par … sa dangerosité !
En effet sa piqure, très douloureuse, est loin d’être anodine. L’étymologie de son nom parle d’elle même: Buthus occitanus – Buthus: bœuf + tuer – occitanus: occitan
Mais je développerais cela un peu plus tard. Faisons d’abord les présentations :
Exclusivement méridional, le Buthus occitanus est le plus grand Scorpion européen (8 cm des pinces à l’extrémité de la queue), sa couleur est uniformément jaune. On le trouve uniquement dans le Sud du pays. Il ne peut pas être confondu avec le petit Scorpion noir à pattes jaunes (Euscorpius flavicaudis) long de 4 cm, commun dans toutes les maisons du midi et qui, lui, est totalement inoffensif.
Le Buthus occitanus est une espèce nocturne qui passe ses journées en général sous des pierres. Il y creuse une loge plus ou moins grande plus ou moins profonde selon la période de l’année, la taille de l’individu, ou l’ancienneté de l’acquisition.
En effet, lorsque l’hiver approche les Scorpions languedociens creusent leurs loges assez profondément. Il en est de même durant l’été lors des fortes chaleurs. La pierre est stable directement en contact avec le substrat, peu enfoncée, elle est presque toujours exposée au soleil, très rarement placée sous un arbre dont le sol est recouvert de litière. Il arrive que plusieurs individus cohabitent sous la même pierre mais les loges ne sont pas en contact les une avec les autres.
Il n’est pas rare qu’il y ait une fourmilière sous la même pierre, mais dans ce cas, il n’y a aucun contact entre les deux espèces.
La pierre a un rôle de protection, d’une part contre les intempéries et d’autre part contre les prédateurs.
Le Scorpion languedocien peut aussi creuser un terrier dans le sol à la façon des grillons. L’ouverture est le plus souvent en forme de demi-ballon de rugby avec un remblai issu du creusement dans lequel on peut trouver les restes de chitines des proies. Ces habitats sont cependant rares et sont relatifs au substrat car il lui est plus facile de creuser un terrier dans un sol meuble que dans un sol compact. Il peut parfois creuser son terrier directement dans une butte de terre voire s’aider d’une souche. On a rencontré quelquefois des loges parmi des gravas. Les garrigues sèches sont son milieu de prédilection où il y chasse surtout les araignées.
L’activité du Scorpion languedocien est fortement liée à la température. Le Buthus occitanus commence à sortir à partir du mois d’avril. Il lui faut une température minimum de 9,5 à 10°C (température prise sur le sol). Mais ce n’est pas parce que les Scorpions ne sortent pas qu’ils ne se nourrissent pas. En effet certaines pierres recèlent une grande quantité d’insectes (punaises, perce-oreilles), dont il se nourrit dès la fin mars. Il sort de sa loge environ trois quart d’heure après le coucher du soleil.
Le Scorpion languedocien se situe au sommet de la chaîne alimentaire des arthropodes français (super prédateur). Il se nourrit avant tout d’insectes, d’Arachnides et de Crustacées terrestres. Il est capable de jeûner durant de longues périodes atteignant plusieurs mois ; le record étant de plus d’un an. Les proies les plus courantes sont les araignées et ses congénères ; le Buthus étant cannibale, il n’hésite pas à dévorer des individus souvent plus jeunes que lui.
La fécondation est précédée par une danse nuptiale se déroulant d’avril à juillet, qui peut durer jusqu’ à 24 h.
Cette danse se fait selon des étapes bien définies. La rencontre se fait au hasard, le mâle maraude lentement la queue tendue en arrière et procède à des arrêts fréquents. Lorsqu’il détecte la présence d’une femelle, il se met à trembler de façon saccadée, avance, recule, puis se remet en marche. Il la saisit par les pinces ou la queue parfois les pattes. Une fois celle-ci tenue, s’ensuit la promenade à deux.
Lors du déplacement, c’est le mâle qui mène la danse, en marchant à reculons. Une fois fécondée, la femelle recule brutalement et échappe au mâle. Il s’ensuit parfois la mort du mâle, poignardé par la femelle qui ira le dévorer sous sa pierre.
Le Scorpion languedocien est une espèce ovovivipare au même titre que les autres Scorpions. Les naissances ont lieu de juillet à septembre. Elle met au jour 5 entre 30 et 70 petits qu’elle porte sur son dos pendant parfois un mois.
La longévité du Buthus occitanus est de 5 à 6 ans
Le Scorpion languedocien est une espèce protégée inscrite sur la liste rouge du patrimoine national ainsi que sur la liste de l’U.I.C.N.
Sa situation est critique.
Son principal destructeur est sans conteste l’homme. De par la destruction et les modifications de son biotope, auquel il est fortement lié. Il se raréfie d’autant plus que c’est une espèce très liée à son habitat et toute modification de celui-ci entraîne la diminution voire la disparition de sa population. De même, le prélèvement d’individus en grande quantité et de façon régulière peut avoir un impact sur une population.
Ses autres prédateurs sont : les rapaces nocturnes (Chouettes hulottes, Chouettes chevêches, grand Duc d’Europe), le Hérisson d’Europe, la Genette, le Sanglier. Les Arthropodes : Scorpion languedocien, Fourmis, Araignées telle la Lycose de Narbonne
Le Sanglier est également un grand prédateur de Scorpion. En été ils les mangent lorsqu‘ils sont dehors. Et en hiver il retourne les pierres. Il lui arrive ainsi d’en consommer toute l’année.
Terminons cette présentation par la dangerosité évoquée au début de cet article:
Lorsqu’il est inquiété, Le Buthus se fige et prend une posture caractéristique : Pinces ouvertes sa queue est recourbée en avant, prête à piquer l’agresseur.
Le Buthus occitanus économise au maximum son venin. Il ne l’utilise que lorsque les proies se débattent trop, c’est le cas pour les grosses Sauterelles, les autres Scorpions et certaines Araignées telles les Lycoses, celles-ci succombent toujours à la toxicité du venin. Mais il s’en sert également pour contrer une attaque de prédateur et les mammifères d’une masse inférieure à celle d’un homme ne sont pas à l’abri d’un tel poison.
Nota : tous les venins de Scorpion n’ont pas la même nocuité, certains étant moins efficaces que d’autres.
D’une manière générale, la dangerosité d’un Scorpion est inversement proportionnelle à la taille de ses pinces. Plus ses pinces sont grandes et puissantes par rapport à sa taille, moins son venin est toxique ; plus ses pinces sont fines et étroites (et c’est le cas de notre Buthus), plus efficace est son venin.
Les cas de piqûre sur l’homme :
Symptomatologie :
Déroulement symptomatique :
Que faire ?
Pour photographier Buthus occitanus, il faut d’abord le trouver.
Pour cela il vous faudra soulever des pierres dans les garrigues méditerranéennes.
Faites bien attention, n’oubliez pas qu’il s’agit d’une espèce très venimeuse ! Après avoir pris vos clichés remettez doucement la pierre à sa place initiale et laissez le Scorpion se replacer.
Bref : On regarde, on prend des photos, mais on ne touche pas … et on ne tue pas !!!
Michel FERNANDEZ
D’autres photos sur mon site : mes photos nature
Aujourd’hui, nous continuons à nous promener en montagne.
Après vous avoir parlé des Bouillouses, c’est toujours dans les Pyrénées, mais en Haute Garonne et à 1395 m d’altitude cette fois, que nous nous retrouvons dans un site grandiose : L’Hospice de France.
Photo d’article : Ophrys à grandes fleurs (Ophrys magniflora)
Les premières Orchidées sauvages sortent de terre, il est donc temps pour moi de vous en parler et de vous aider à les reconnaître.
Bien entendu il ne sera question ici que des espèces Françaises.
D’abord, qu’est ce qu’une Orchidée ?
Les Orchidacées (Orchidaceae) forment une des familles de plantes les plus diversifiées, comptant entre 25 000 et 30 000 espèces, réparties en 850 genres. Autant dire qu’ici, nous ne ferons que « survoler » cette famille …
Ces chiffres font d’elles l’une des plus importantes familles de plantes à fleurs, qui a pratiquement colonisé tous les milieux, à l’exception des déserts et des cours d’eau.
La symbiose se fait avec un champignon microscopique, caractéristique rendant cette famille de plantes très économe en ressources. De ce fait les Orchidées sont adaptées à des milieux difficiles, que bien souvent seul ce type de symbiose permet d’exploiter. Cette spécificité leur permet de coloniser des milieux relativement peu occupés par d’autres espèces.
Plantes se reproduisant par pollinisation entomophile, une grande partie d’entre elles montrent des relations de dépendance étroite avec des insectes pollinisateurs spécifiques, allant jusqu’à des stratégies de leurres visuels, olfactifs et sexuels. Les semences des orchidées sont de très petite taille et sont produites en très grand nombre : De cette façon elles peuvent être facilement transportées par le vent.
Leurs semences sont si petites qu’elles ne possèdent pas les réserves nutritives suffisantes pour engendrer la germination. Des sucres fournis par le champignon symbiotique permettent au germe de se développer.
Ce caractère symbiotique ainsi que la régression de leurs pollinisateurs rend leur réintroduction parfois difficile. Inutile donc de déraciner une Orchidée sauvage (ce qui est d’ailleurs interdit par la loi, car ces plantes sont, pour la plus grande partie d’entre elles, protégées !) pour tenter de la faire pousser chez vous. Sans le mycélium du champignon auquel elle est inféodée, elle dépérira.
Dans le foisonnement des formes végétales, l’Orchidée d’Europe est très facile à différencier des autres espèces grâce à un ensemble particulier de caractères qui lui sont propre : Le port altier de la plante sa tige toujours dressée et sans ramification, ses feuilles toujours entières à nervures parallèles.
Rajoutons à cela une inflorescence caractéristique : Ses fleurs mettent en évidence une symétrie bilatérale parfaite et comprennent 3 sépales semblables, 3 pétales dont un, le labelle, diffère des 2 autres. Aucune autre plante Européenne ne possède ces caractères réunis
Une fois l’Orchidée repérée, il faut ensuite affiner sa détermination en arrivant au genre, au groupe, et pour finir à l’espèce.
Comme évoqué plus haut, les Orchidées ont fait l’objet d’une classification scientifique dénombrant en tout 850 genres (Orchis, Ophrys, Anacamptis, Sérapias, Cephalantères … ) et pas moins de 25 000 à 30 000 espèces ont été répertoriées (Orchis brulé, Ophrys scolopax …)
Mais cela est loin d’être aisé et évident ! En effet, si d’un seul coup d’œil et avec l’habitude, bien entendu, il peut être facile de nommer les espèces connues, il faut savoir que ces fleurs nous réservent bien des surprises : Aberrations de couleurs, de formes mais surtout hybridations plus ou moins habituelles avec d’autres Orchidées, sont autant de casses têtes pour le profane, mais aussi pour le connaisseur expérimenté !
D’un point de vue systématique, un classement est établi par les botanistes.
Très complexe, il est régulièrement modifié au fil du temps.
Découvrons ensemble quelques une de ces fleurs si atypiques :
Le genre Ophrys : Il se caractérise par des feuilles ovales disposées en rosette et de petites fleurs dépourvues d’éperon, munies d’un labelle particulier en général poilu et portant souvent une macule dans sa partie centrale.
La forme de la fleur rappelle celle d’un insecte et c’est d’ailleurs une particularité exploitée pour la reproduction puisque certains insectes sont attirés par la fleur qu’ils prennent pour une femelle de leur espèce !
Bien que certaines espèces puissent être vues en fleur jusqu’en septembre, la floraison des Ophrys est en général assez précoce.
Quelques espèces :
Ophrys bécasse (Ophrys scolopax)
Ophrys mouche (Ophrys insectifera)
Les genres Anacamptis, Orchis, Himantoglossum, Dactylorhiza, Gymnadenia, Neotinea : sont des familles très semblables.
Le genre Orchis étant sans doute le plus connu et le plus familier de la famille des Orchidacées.
Ces genres se distinguent entre eux par la disposition des feuilles inférieures, par les bractées plus ou moins développées ou d’aspect plus ou moins membraneux, par la forme des fleurs ou par celles de leurs racines.
Quelques espèces :
Les genres Plantanthera : Les Platanthera ont un port altier et possèdent deux grandes feuilles d’une couleur vert-jaune partant de la base de la tige. L’éperon est filiforme.
Le genre Cephalanthera : Comprend trois espèces en France portant de grandes fleurs s’ouvrant peu avec un labelle articulé.
Le genre Limodorum est un genre comprenant deux espèces en France. Ses longues tiges garnies de grandes fleurs violettes poussent dans les sous-bois clairs.
Le genre Serapias comporte une petite dizaine d’espèces en France. Il présente des fleurs de forme caractéristique, avec des pétales et un gynostème cachés dans le casque. L’éperon est absent et un labelle en forme de langue surgit du casque et comporte à sa base des lamelles ou des callosités dont l’observation est utile pour la détermination des espèces. Le casque sert souvent d’abri aux insectes qui peuvent s’y glisser.
Le genre Neottias est dépourvu de chlorophylle
Le genre Cypripedium est mono spécifique en France. Il a la particularité de posséder deux étamines fertiles, ce qui a conduit à le placer dans une famille autonome. Il ne comprend qu’une espèce en France. Ses feuilles constituent une petite rosette à la base de la tige.
J’espère que ce bien maigre survol de ces plantes atypiques vous aidera à les différencier des autres fleurs.
Rappelez vous que les Orchidées sont protégées et qu’il est inutile (et surtout impossible) de chercher à les faire pousser dans vos jardins.
Pour en savoir plus, de nombreux livres de détermination sont disponibles en librairies. Je ne saurais vous conseiller : « Orchidées d’Europe » des éditions Delachaux Niestlé, ainsi que « Les Orchidées de France, Belgique et Luxembourg » des éditions Biotope.
Michel FERNANDEZ
Plus de Photos sur mon site : www-mes-photos-nature.fr
Lorsqu’on débute en photographie rapprochée, il n’est pas toujours simple de faire la différence entre « Proxi-photographie » et « Macrophotographie ». Nous allons donc aborder le sujet dans un esprit de clarification.
Vous vous extasiez devant de magnifiques photos macro (moi-aussi…). Vous lisez de nombreux articles sur le sujet, mais vous êtes frustrés de ne pas posséder cet objectif spécialisé qui vous ouvrirait les portes de ce monde merveilleux. Un monde peuplé de petites fleurs, de petits insectes, de bokeh…
Voici quelques images de ma dernière sortie « macro ». Elles permettront, à celles et ceux qui m’accompagnaient d’identifier fleurs et insectes. Si, après une sortie, vous rencontrez des problèmes d’identification, n’hésitez pas à consulter ce post : Comment identifier plantes, insectes, araignées, oiseaux et poissons, je le mets à jour régulièrement.
En macrophotographie la qualité de la lumière est primordiale. Le problème en « Macro » vient de la proximité de l’objectif avec le sujet ; le premier faisant bien souvent de l’ombre au second.
Ce matin, je préparais mon sac photo en vue d’une sortie macro dédiée au orchidées sauvages, lorsque mon regard fut attiré par une petite boite en carton qui somnolait dans le fond de mon placard (voir illustration ci-dessous).