Cela faisait un petit moment que je n’avais pas posté d’article naturaliste sur le blog … Je me propose donc de réparer cela séance tenante avec un article qui est encore d’actualité.
Le brame du Cerf est un magnifique spectacle de la Nature.

Tous les ans, il est très attendu par les passionnés de Nature tant observateurs que photographes.
Les mois de septembre et octobre sont la bonne période de l’année pour observer les Cerfs et pour les écouter.
Je ne suis pas un fan des parcs animaliers et des animaux en captivité, préférant de très loin profiter des spectacles naturels et les immortaliser; je vais donc ici vous parler du brame en milieu naturel et non dans des parcs type Sainte Croix ou autre … Bien que je n’ai rien contre, les animaux étant captifs, cela ne m’intéresse pas.
Qu’est-ce que le brame ?
Le brame est le cri que poussent les cerfs pour attirer l’attention des femelles pendant la saison des amours. Ce peut être aussi un cri d’intimidation destiné aux autres mâles qui sont dans les parages. Ainsi, lorsque la période du rut arrive, ces braillements dominent la forêt. Et pour les personnes qui ne sont pas habituées, ce sont tout de même des rugissements assez impressionnants qui s’accompagnent généralement de bruits de bois qui se cognent.

En effet, il arrive que des cerfs s’affrontent quand d’autres mâles étrangers à leur groupe essayent d’approcher les femelles de leur harem. Des luttes très physiques et spectaculaires qui entraînent quelquefois des blessures graves. Leurs bois enchevêtrés, ils se transforment alors en sumotoris, le plus fort étant celui qui; ne cédant pas un pouce de terrain à l’autre, gagnera le combat. A force d’emmêler leur bois, il arrive aussi que des cerfs meurent de fatigue après avoir fourni d’énormes efforts pour se dégager de leur adversaire. Tout au long de cette période, ces cervidés mâles se dépensent tellement physiquement qu’ils peuvent perdre jusqu’à vingt pour cent de leur poids, précisément une vingtaine de kilos.

Le rut chez les cervidés commence généralement dans le milieu du mois de septembre et se termine début octobre. Toutefois, la saison des amours peut être décalée dans le temps en fonction de la chaleur de l’été.
Dans la mesure où la durée de la fertilité de la biche est très brève, à savoir une journée, les mâles ne disposent que de très peu de temps pour féconder les femelles. À cet effet, exceptionnellement les cerfs n’hésitent pas à sortir de leur discrétion légendaire pour se mettre à découvert dans les zones dégagées de la forêt. C’est pourquoi, il est possible de facilement les observer, et cela dès le crépuscule jusqu’à la nuit. De plus, les forêts pour le faire ne manquent pas en France. Mais encore faut-il connaître les bons endroits pour les débusquer.

Comment le photographier ?
1- Se documenter et se renseigner : Les places de brame ne sont connues que de quelques habitués des lieux et, notamment … les chasseurs. Un guide de chasse connaît mieux que quiconque les places et les gîtes des grands cerfs. Néanmoins, si on ne veut pas passer par ce type de personne, il y a alors lieu d’essayer de demander aux habitués ou aux photographes éventuels que vous pourriez rencontrer, à condition toutefois qu’ils ne gardent pas ces précieuses informations pour eux !
2- Savoir profiter des meilleures heures : Il vous faut bien comprendre que pour la photo Nature, ce n’est pas vous qui décidez ; ce sont les animaux ! Cela fait de nombreuses années que je pratique cette discipline et je puis vous le dire haut et fort : seule la Nature est maîtresse du jeu. Alors il ne faut pas perdre son temps à prendre son petit déjeuner ou à bavarder avec les copains mais plutôt être sur le terrain avant le lever du jour pour faire son approche et s’installer ! Après il sera trop tard, car les cervidés se cachent en forêt durant la journée.
Le soir avant la tombée de la nuit, est également un moment privilégié.
Comme je l’indiquais plus haut, les journées pluvieuses sont potentiellement bonnes pour faire de belles observations parfois en pleine après-midi.

Bref il faut, généralement, savoir se lever tôt et se coucher tard pour faire de belles photos de brame.
3- Savoir s’approcher : Pour cela, il y a lieu tout d’abord de respecter le silence le plus « assourdissant » possible : Marcher précautionneusement en regardant, si possible où l’on met les pieds (une lampe frontale s’avérera utile au début du trajet mais il vous faudra l’éteindre avant l’arrivée) communiquer par signe et non par la parole. Marcher contre le vent pour ne pas amener notre odeur vers les animaux. Enfin éviter les couleurs voyantes. Les grands mammifères n’ont pas une très bonne vue, mais celle-ci est basée sur le mouvement si vous restez statique ils ne prendront pas garde à vous, mais si vous bougez, c’est fichu ! En revanche ils possèdent un excellent odorat et une non moins excellente ouïe.
Le moindre bruit ne va pas faire fuir le cerf; trop occupé qu’il est, ce sont les biches qui l’entourent qui donneront le signal du départ.
4- S’installer : Maintenant que vous avez fait le plus dur, à savoir l’approche, il faut vous mettre en place. Toujours en silence, dans l’obscurité, ce qui ne facilite pas les choses, il faut trouver un poste d’où vous pourrez shooter à votre guise et d’où vous ne serez pas visible. Vous pouvez avancer, en rampant sinon à 4 pattes avec un filet de camouflage sur vous, à moins que vous ne soyez entièrement camouflé. Vous aurez pris soin de régler la hauteur de votre trépied ainsi que les paramètres de votre boitier avant …
5- La prise de vue : Ça y est. Vous êtes en place et vous commencez à profiter du spectacle. Il se peut que la lumière au début ne soit pas suffisante pour prendre des photos, mais la patience paye toujours ! Bien calé sur le trépied vous allez pouvoir bientôt déclencher. Pour cela certains mettent leur boitier en mode « quiet ». Personnellement je ne l’ai jamais utilisé et, même si certains animaux tournent la tête vers le bruit qu’ils entendent, à partir du moment où ils ne me voient pas, ils s’en désintéressent bien vite.
6- Le matériel : Vous l’avez compris, vous allez devoir travailler en basse lumière de ce fait, L’utilisation du trépied s’avère indispensable. Les objectifs ou boîtiers les mieux stabilisés s’avéreront vite inefficaces.
Votre boitier doit être en mesure de supporter la montée en iso. Il m’arrive fréquemment de photographier à 10 000 iso et parfois de les dépasser (les photos ci-dessous ont été prises à 20 000 iso) !



Il est indispensable d’utiliser le format RAW, et ce, pour des raisons évidentes : d’une part, avoir la totalité des pixels de votre capteur actifs et, d’autre part, pouvoir optimiser le post traitement de vos images.
Utilisez le mode priorité à l’ouverture (A ou Av). C’est le plus simple pour avoir la vitesse il vous suffira de bouger les iso.
Optiques : Utilisez de préférence une grande focale : 300 mm ou plus, la plus lumineuse possible f/5.6 maxi
Camouflage : Restez camouflés afin de profiter le maximum de la présence des animaux. Prenez des vêtements robustes et non bruyants. Il existe bon nombre de vêtements camo vendus souvent très cher dans les boutiques spécialisées. Pour ma part, j’utilise des pantalons et vestes de treillis militaires (on peut en trouver à très bon prix dans les vide-greniers ou sur internet) ils sont en coton et de ce fait, ne font aucun bruit au déplacement, sont confortables et quasi indestructibles. Après quoi je prends également un filet type « chéchia » que je met sur ma tête pour camoufler le visage. Les cagoules de chasse sont aussi excellentes pour voir sans être vu.

7- Soyez prudent : Je vous le répète, aussi incompréhensible que cela puisse paraître, la chasse aux Cerfs est ouverte pendant la période du brame. Aussi je ne saurais trop vous conseiller de vous informer auparavant auprès de la société de chasse du secteur dans lequel vous allez évoluer, ou sur le site internet de la préfecture du département où vous vous trouvez pour connaître les zones chassées au jour le jour. Elles y sont indiquées. De même que sur le terrain, vous pourrez voir alors un panneau indiquant « chasse en cours ».
Les Cerfs sont des animaux puissants pouvant peser plus de 200 kg et dotés de redoutables armures : leurs bois et leurs sabots. Il ne faut pas aller les taquiner, surtout lors du rut, car dopés à la testostérone ils peuvent alors charger d’une manière imprévue et soudaine et s’avérer extrêmement dangereux. Si cela vous arrive il vous faudra alors vous mettre rapidement debout et lever les bras tout en criant, cela suffira à le mettre en fuite. Ne vous couchez pas car les cerfs sont connus pour clouer littéralement les chiens de chasse au sol à l’aide de leurs andouillers de massacres (voir croquis ci dessous).


Généralement, les charges sont rares et se veulent dissuasives. Elles ne débouchent que très exceptionnellement sur une attaque, surtout si l’animal voit que vous capitulez.

J’ai moi-même été chargé par un 10 cors qui s’est arrêté à une vingtaine de mètres de moi avant de retourner auprès de son harem, tandis que je partais sans demander mon reste.
Voila ce que je pouvais vous dire sur ce sujet.
N’oubliez pas la devise du photographe naturaliste : Observer sans déranger

Michel FERNANDEZ
D’autres photos sur mon site : Mes photos Nature
NB : Toutes les photos présentées ici ont été réalisées en milieu naturel, en prenant soin de ne pas déranger la quiétude des animaux.